Ai-je voulu ma vie assez libre et changeante,
Pleine d’amour, de bruit, de départs et de jeu?
L’ai-je nourrie assez de labeurs, de tourmentes,
De quadrilles parmi les passions hurlantes
Et de courses vaguant des bas-fonds jusqu’à Dieu?
J’allais prophétisant : Je pourrai, les jours fades,
Susciter des jardins complets de souvenirs
Et m’arrêter, pensif, à chacun de mes stades.
Ému, je reverrai les espoirs et les rades,
Dans les matins flambants, s’estomper et grandir.
Or voici que le feu créateur m’abandonne
Et que nul fétichisme à sa place ne vient.
D’appeler le passé somptueux l’heure sonne.
Vain projet! Au seul temps où sa force bouillonne
Mon esprit peut construire un temple aérien.
Sur des pointes de fer roule ma conscience.
Je veux dormir, m’emplir d’ombre, ne pas penser,
Et je crains, à me voir chercher l’inexistence,
De n’avoir point, jadis, rêvé de vie intense
Autant que je n’aspire à me décomposer.





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