Humble et chétive fleur, par le sort condamnée,
Sur le flanc d’un volcan pourquoi donc es-tu née?
Qu’as-tu fait à ce sort, dont l’injuste dédain
Te refusa l’enclos d’un rustique jardin?
Au gré de sa faveur, ta grâce solitaire
Eût fait même l’orgueil d’un somptueux parterre,
Sous les yeux satisfaits d’opulents possesseurs,
Qui te proclameraient belle parmi tes sœurs!
Hélas! telle n’est point la part qui t’est restée!
Sur un sol frémissant, sans relâche agitée,
Tu fleuris sans repos, tu souffres sans témoins ;
Ceux qui t’auraient pu voir sont émus d’autres soins ;
Qu’importe qu’à leurs pieds un doux parfum s’exhale
Dans l’ombre et le secret de ta corolle pâle,
Qui, longtemps exposée à tous les vents du ciel,
Garde encore à l’abeille une goutte de miel?
Quand une ville, un peuple, un empire s’efface,
Qui songerait à toi, qui chercherait ta trace,
Pauvre fleur oubliée au sein des rocs déserts,
Où tu subis longtemps l’inclémence des airs?…