Vous, le charme et l’honneur de mon jardin natal,
Enfant qui secouez dans les herbes aiguës,
Pour en faire tomber des bêtes de métal,
Le parasol blanc des ciguës ;
Vous qui vivez, naïf et frais, toujours fêté,
Cette heure de la vie où l’on pleure sans cause,
Aujourd’hui, jeune dieu rose et blond de l’été,
Mon frère, je vous vis déchirer une rose.
La brise, en dissipant les feuilles, les mêla
Aux libres papillons du ciel, et vous, volage,
Ayant fui vers des jeux nouveaux, je restai là,
Songeant que vous aussi vous atteindriez l’âge
Où l’on rêve devant la fleur au sein nacré,
L’âge, hélas où l’amour sur les âmes se pose,
Où le cœur, pressentant la femme, est déchiré
Par la simple odeur d’une rose.
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