Oh! laissez-le pleurer sa céleste patrie,
Dont il est exilé, qu’il ne fait qu’entrevoir :
La fleur de pureté sur la terre est flétrie,
Mais aux pleurs il reste un espoir.
Toujours elle m’émeut, la brûlante pensée
Qui s’échappe d’un sein gonflé par les douleurs ;
J’aime l’accord divin qui d’une âme angoissée
Ne s’envole qu’avec des pleurs.
Ils ne sont plus, les temps où l’antique poète
Enchantait la nature arrêtée à sa voix ;
Où du ciel et des dieux magnifique interprète,
Au monde il traduisait leurs lois ;
Où, sous le beau ciel grec et son soleil de fête,
Des combats ou des jeux il chantait le vainqueur,
Par le peuple admiré, le laurier sur la tête
Et le triomphe dans le cœur.
Ils ne sont plus, les temps où, l’oreille attentive,
Les princes écoutaient chant de gloire et d’amour ;
Où pleurait noble dame à la chanson plaintive
Du jeune et pâle troubadour ;
Les beaux temps où l’écho répétait au rivage
Les hauts faits du guerrier, la gloire de sa mort ;
Où se taisaient la mer, la tempête et l’orage
Aux chants du vieux barde du Nord.
Le poète aujourd’hui connaît trop la souffrance ;
Son chant en s’élevant, a déchiré son cœur ;
Mais s’il pleure, il peut croire, et, paisible espérance.
En Dieu retrouver le bonheur.
Il peut déjà compter sur la sainte victoire,
Il peut se confier en l’éternel Amour
Et voir briller au ciel cette immortelle gloire
Qui sur nos fronts doit luire un jour.