Regarde cette mer : pourquoi, d’un bleu limpide,
Vois-tu s’étendre au loin ses lumineux réseaux?
A sa face, pourquoi nulle ombre, nulle ride?
C’est qu’un ciel clair et doux brille au-dessus des eaux.
Eh bien, de ce beau ciel que l’émail pur s’efface,
Que, derrière la nue, il rentre obscurément ;
Ternis à l’heure même, agitant leur surface,
Les flots partageront le deuil du firmament.
Admire ce concert ; et dis, beauté que j’aime,
Si je m’unis à toi d’un accord moins réel!
Non, l’étroite harmonie entre nous est la même :
Mon âme est une mer dont tes yeux sont le ciel.
Tes grands yeux adorés sont-ils voilés d’une ombre,
Triste pressentiment, souvenir douloureux, –
Soudain mon âme souffre, elle pleure, elle est sombre ;
Mon âme est une mer sous un ciel ténébreux.
Tes yeux de séraphin, aux cils de blonde soie,
Versent-ils du bonheur les sourires flottants,
Mon âme tout à coup s’illumine de joie ;
Mon âme est une mer sous un ciel de printemps.
Tes yeux enfin, tes yeux, à l’heure de l’extase,
Osent-ils dire : Amour! Amour et Volupté!
Mon âme à leur ardeur étincelle et s’embrase,
Mon âme est une mer sous le soleil d’été!