Agile, adroit, – cheveux livrés aux folles brises,
L’aîné de la famille, enfant de quatorze ans,
Oublieux de l’école et des heures assises,
Grimpe à cheval dans l’arbre aux longs rameaux luisants
Où pendent les cerises.
Les autres sont au pied, jeunes fronts plus petits,
Accourus cependant comme un essaim d’abeilles.
Ils regardent là-haut, l’un par l’autre avertis,
Cette branche, ce brin, dont les grappes vermeilles
Tentent leurs appétits.
– A toi, dit l’écolier, à toi, Pierre, et sois leste!
A toi, Rose! À deux mains ouvre ton tablier.
Jeanne! Ton frais butin n’est pas le plus modeste.
Enfin toi, cher petit, que j’allais oublier,
Attrape ce qui reste!
De ce petit, hélas, qui tend la main trop tard.
L’espérance est déçue, et l’écolier s’en joue.
Mais Rose, tendre cœur et limpide regard.
Vient a lui, dont les pleurs déjà mouillent la joue,
Et lui donne sa part.
Non loin, sur le banc vert, immobile en sa pose.
La mère voit le groupe et reste l’admirant :
Et, tandis que son cœur tout entier s’y repose.
L’ombrelle sur son front, asile transparent.
Jette un beau reflet rose!
Auprès d’elle, un oiseau perche dans le buisson,
Gai bouvreuil dont la voix donne toute sa gamme :
La mère, à ce refrain, sent comme un doux frisson,
Et croit du bonheur pur qui chante dans son âme
Entendre la chanson!