À Théophile Gautier

Sonnet.

Maître, qui du grand art levant le pur flambeau,
Pour consoler la chair besoigneuse et fragile,
Redis la gloire antique à cette exquise argile,
Ton corps va donc subir l’outrage du tombeau!

Ton âme a donc rejoint le somnolent troupeau
Des ombres sans désirs, où l’attendait Virgile,
Toi qui, né pour le jour d’où le trépas t’exile,
Faisais des voluptés les prêtresses du beau!

Ah! Les dieux (si les dieux y peuvent quelque chose)
Devaient ravir ce corps dans une apothéose,
Incorruptible chair l’embaumer pour toujours ;

Et l’âme! L’envoyer dans la nature entière
Savourer librement, éparse en la matière,
L’ivresse des couleurs et la paix des contours!


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Verset À Théophile Gautier - René-François Sully Prudhomme