À Etienne Clais.
Comme un orgue lointain sur une immense grève,
Bruit du flot qui recouvre un lit de sable fin,
Et toujours recommence et jamais ne s’achève,
La mer, la vaste mer se déroulait sans fin.
Sur les dunes épars, de grands pins maritimes
Dans le rythme des flots murmurants s’accordaient
Aux souffles du matin, en secouant leurs cimes,
Et comme à l’unisson gravement répondaient.
Sur l’Océan d’azur, où passait un navire,
Sans crainte aventurés, des papillons volaient
Comme un vrai tourbillon de neige. Ils semblaient dire
Aux marins du pays, qui sous bon vent filaient :
» Lorsque s’achèvera votre course lointaine,
Nous ne saluerons pas votre joyeux retour,
Car, livrant aux hasards notre vie incertaine,
Nous durons peu d’instants, comme les fleurs d’un jour.
À l’horizon des flots, noyant ses voiles hautes,
Quand le vaisseau parti lentement s’effaçait,
Le croisant dans sa route en approchant des côtes,
Un autre grand navire au large apparaissait.
Après un long voyage aux mers orientales,
Les hommes revenaient, las d’avoir navigué,
Mais la fièvre d’amour pour les grèves natales
Verse un baume divin dans le corps fatigué.
Ils avaient aperçu le clocher de Marennes,
Dont la flèche en plein ciel des eaux semblait jaillir,
Et dans le chaud parfum des plantes riveraines
Les plus robustes cœurs se sentaient défaillir.