Couples fervents et doux, ô troupe printanière!
Aimez au gré des jours.
– Tout, l’ombre, la chanson, le parfum, la lumière
Noue et dénoue l’amour.
Épuisez, cependant que vous êtes fidèles,
La chaude déraison,
Vous ne garderez pas vos amours éternelles
Jusqu’à l’autre saison.
Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches
A de moins brusques bonds
Que le désir qui fait que les êtres se penchent
L’un vers l’autre et s’en vont.
Les frôlements légers des eaux et de la terre,
Les blés qui vont mûrir,
La douleur et la mort sont moins involontaires
Que le choix du désir.
Joyeux ; dans les jardins où l’été vert s’étale
Vous passez en riant,
Mais les doigts enlacés, ainsi que des pétales,
Iront se défeuillant.
Les yeux dont les regards dansent comme une abeille
Et tissent des rayons,
Ne se transmettront plus, d’une ferveur pareille,
Le miel et l’aiguillon,
Les coeurs ne prendront plus, comme deux tourterelles,
L’harmonieux essor,
Vos âmes, âprement, vont s’apaiser entre elles,
C’est l’amour et la mort…