Ô la plus belle des maîtresses

Ô la plus belle des maîtresses,
Fuyons dans nos plaisirs la lumière et le bruit ;
Ne disons point au jour les secrets de la nuit ;
Aux regards inquiets dérobons nos caresses.
L’amour heureux se trahit aisément!
Je crains pour toi les yeux d’une mère attentive ;
Je crains ce vieil argus, au cœur de diamant,
Dont la vertu brusque et rétive
Ne s’adoucit qu’à prix d’argent.
Durant le jour, tu n’es plus mon Amante.
Si je m’offre à tes yeux, garde-toi de rougir ;
Défends à ton amour le plus léger soupir ;
Affecte un air distrait ; que ta voix séduisante
Évite de frapper mon oreille et mon cœur ;
Ne mets dans tes regards ni trouble, ni langueur.

Hélas! de mes conseils je me repens d’avance.
Ma chère Éléonore, au nom de nos amours,
N’imite pas trop bien cet air d’indifférence ;
Je dirais, c’est un jeu ; mais je craindrais toujours.


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Verset Ô la plus belle des maîtresses - Évariste de Parny