Cogoreto

Halte, voiturin! Je veux, au rivage,
Suivre ici la route en humble piéton.
Il eut pour berceau cet obscur village,
Celui dont ce mur porte inscrit le nom.

Tout jeune, il venait s’asseoir à la grève,
Perçant l’horizon d’un œil inquiet ;
Puis il s’endormait, et voyait en rêve
Des mondes qu’au loin Dieu lui déployait!

De sa veste alors secouant l’étoffe,
Ses amis, fâchés d’un sommeil trop long,
Lui criaient : Debout! Viens jouer, Christophe!
A quoi rêves-tu, paresseux Colomb? –

Plus-tard, sous le sort grande âme inclinée,
On le vit, hélas! Dans ce même lieu,
Repassant le cours de sa destinée,
De l’oubli des rois faire appel à Dieu!

Au couchant, le soir, tournant la paupière,
Il suivait d’un œil émoussé d’ennui
L’astre qui, là-bas, portait la lumière
Au monde si beau découvert par lui!…


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Verset Cogoreto - Joseph Autran