Au livre des consolations

Quand je touche rêveuse à ces feuilles sonores
D’où montent les parfums des divines amphores,
Prise par tout mon corps d’un long tressaillement,
Je m’incline, et j’écoute avec saisissement.
Ô fièvre poétique! ô sainte maladie!
Ô jeunesse éternelle! ô vaste mélodie!
Voix limpide et profonde! Invisible instrument!
Nid d’abeille enfermé dans un livre charmant!
Trésor tombé des mains du meilleur de mes frères!
Doux Memnon! Chaste ami de mes tendres misères,
Chantez, nourrissez-moi d’impérissable miel ;
Car je suis indigente à me nourrir moi-même!
Source fraîche, ouvrez-vous à ma douleur suprême
Et m’aidez, par ce monde, à retrouver mon ciel!


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Verset Au livre des consolations - Marceline Desbordes-Valmore