Tu m’as frappé, c’est ridicule

Tu m’as frappé, c’est ridicule,
Je l’ai battue et c’est affreux :
Je m’en repens et tu m’en veux.
C’est bien, c’est selon la formule.

Je n’avais qu’à me tenir coi
Sous l’aimable averse des gifles
De ta main experte en mornifles,
Sans même demander pourquoi.

Et toi, ton droit, ton devoir même,
Au risque de t’exténuer,
Il serait de continuer
De façon extrême et suprême…

Seulement, ô ne m’en veux plus,
Encore que ce fût un crime
De t’avoir faite ma victime…
Dis, plus de refus absolus,

Bats-moi, petite, comme plâtre,
Mais ensuite viens me baiser,
Pas? quel besoin d’éterniser
Une querelle trop folâtre.

Pour se brouiller plus d’un instant,
Le temps de nous faire une moue
Qu’éteint un bécot sur la joue,
Puis sur la bouche en attendant

Mieux encor, n’est-ce pas, gamine?
Promets-le-moi sans biaiser.
C’est convenu? Oui? Puis-je oser?
Allons, plus de ta grise mine!


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Verset Tu m’as frappé, c’est ridicule - Paul Verlaine