Beaucoup d’amour

Malgré la voix de la sagesse,
Je voudrais amasser de l’or :
Soudain aux pieds de ma maîtresse
J’irais déposer mon trésor.
Adèle, à ton moindre caprice
Je satisferais chaque jour.
Non, non, je n’ai point d’avarice,
Mais j’ai beaucoup, beaucoup d’amour.

Pour immortaliser Adèle,
Si des chants m’étaient inspirés,
Mes vers, où je ne peindrais qu’elle,
A jamais seraient admirés.
Puissent ainsi dans la mémoire
Nos deux noms se graver un jour!
Je n’ai point l’amour de la gloire,
Mais j’ai beaucoup, beaucoup d’amour.

Que la Providence m’élève
Jusqu’au trône éclatant des rois,
Adèle embellira ce rêve :
Je lui céderai tout mes droits.
Pour être plus sûr de lui plaire,
Je voudrais me voir une cour.
D’ambition je n’en ai guère,
Mais j’ai beaucoup, beaucoup d’amour.

Mais quel vain désir m’importune?
Adèle comble tous mes vœux.
L’éclat, le renom, la fortune,
Moins que l’amour rendent heureux.
A mon bonheur je puis donc croire,
Et du sort braver le retour!
Je n’ai ni bien, ni rang, ni gloire,
Mais j’ai beaucoup, beaucoup d’amour.


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Verset Beaucoup d’amour - Pierre-Jean de Béranger