Je reposais sous l’ombrage,
Quand Nœris vint m’éveiller :
Je crus voir sur son visage
Le feu du désir briller.
Sur son front Zéphyr agite
La rose et le pampre vert ;
Et de son sein qui palpite
Flotte le voile entrouvert.
Un enfant qui suit sa trace
(Son frère, si je l’en crois)
Presse pour remplir sa tasse
Des raisins entre ses doigts.
Tandis qu’à mes yeux la belle
Chante et danse à ses chansons,
L’enfant, caché derrière elle,
Mêle au vin d’affreux poisons.
Nœris prend la tasse pleine,
Y goûte, et vient me l’offrir.
Ah! dis-je, la ruse est vaine :
Je sais qu’on peut en mourir.
Tu le veux, enchanteresse!
Je bois, dussé-je en ce jour
Du vin expier l’ivresse
Par l’ivresse de l’amour.
Mon délire fut extrême :
Mais aussi qu’il dura peu!
Ce n’est plus Nœris que j’aime,
Et Nœris s’en fait un jeu.
De ces ardeurs infidèles
Ce qui reste, c’est qu’enfin,
Depuis, à l’amour des belles
J’ai mêlé le goût du vin.





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