Sonnet.
Je me dis bien souvent : de quelle race es-tu?
Ton cœur ne trouve rien qui l’enchaîne ou ravisse,
Ta pensée et tes sens, rien qui les assouvisse :
Il semble qu’un bonheur infini te soit dû.
Pourtant, quel paradis as-tu jamais perdu?
À quelle auguste cause as-tu rendu service?
Pour ne voir ici-bas que laideur et que vice,
Quelle est ta beauté propre et ta propre vertu?
À mes vagues regrets d’un ciel que j’imagine,
À mes dégoûts divins, il faut une origine :
Vainement je la cherche en mon cœur de limon ;
Et, moi-même étonné des douleurs que j’exprime,
J’écoute en moi pleurer un étranger sublime
Qui m’a toujours caché sa patrie et son nom.
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