Aux étoiles j’ai dit un soir :
» Vous ne paraissez pas heureuses ;
Vos lueurs, dans l’infini noir,
Ont des tendresses douloureuses ;
» Et je crois voir au firmament
Un deuil blanc mené par des vierges
Qui portent d’innombrables cierges
Et se suivent languissamment.
» Êtes-vous toujours en prière?
Êtes-vous des astres blessés?
Car ce sont des pleurs de lumière,
Non des rayons, que vous versez.
» Vous, les étoiles, les aïeules
Des créatures et des dieux,
Vous avez des pleurs dans les yeux… »
Elles m’ont dit : » Nous sommes seules…
» Chacune de nous est très loin
Des sœurs dont tu la crois voisine ;
Sa clarté caressante et fine
Dans sa patrie est sans témoin ;
» Et l’intime ardeur de ses flammes
Expire aux cieux indifférents. »
Je leur ai dit : » Je vous comprends!
Car vous ressemblez à des âmes :
» Ainsi que vous, chacune luit
Loin des sœurs qui semblent près d’elle,
Et la solitaire immortelle
Brûle en silence dans la nuit. «