Élégie VI.
Nuit et jour, malgré moi, lorsque je suis loin d’elle,
A ma pensée ardente un souvenir fidèle
La ramène ; – il me semble ouïr sa douce voix
Comme le chant lointain d’un oiseau ; je la vois
Avec son collier d’or, avec sa robe blanche,
Et sa ceinture bleue, et la fraîche pervenche
De son chapeau de paille, et le sourire lin
Qui découvre ses dents de perle, – telle enfin
Que je la vis un soir dans ce bois de vieux ormes
Qui couvrent le chemin de leurs ombres difformes ;
Et je l’aime d’amour profond : car ce n’est pas
Une femme au teint pâle, et mesurant ses pas
Au regard nuagé de langueur, une Anglaise
Morne comme le ciel de Londres, qui se plaise
La tête sur sa main à rêver longuement,
A lire Grandisson et Werther, non vraiment ;
Mais une belle enfant inconstante et frivole,
Qui ne rêve jamais ; une brune créole
Aux grands sourcils arqués; aux longs yeux de velours
Dont les regards furtifs vous poursuivent toujours ;
A la taille élancée, à la gorge divine,
Que sous les plis du lin la volupté devine.





Poèmes similaires:
- Le soir calme et profond Le soir calme et profond se répand sur la plaine. Ma fille, asseyons-nous. Le couchant jette à peine Une vague lueur sous l’arche du vieux […]...
- Sur nos pas le profond enfer s’est refermé Sur nos pas le profond enfer s’est refermé. Ô compagnon pensif qui m’enseigne la route, Moins réprouvés que nous, les morts au fond du gouffre […]...
- Le ciel profond reflète en étoiles nos larmes Le ciel profond reflète en étoiles nos larmes, Car nous pleurons, ce soir, de nous sentir trop vivre. La brume est chaude, la plus blanche […]...
- Le baiser (III) » Tout fait l’amour. » Et moi, j’ajoute, Lorsque tu dis : » Tout fait l’amour » : Même le pas avec la route, La […]...
- Albertus (I) Sur le bord d’un canal profond dont les eaux vertes Dorment, de nénuphars et de bateaux couvertes, Avec ses toits aigus, ses immenses greniers, Ses […]...
- Sur le Carnaval de Venise III Carnaval. Venise pour le bal s’habille. De paillettes tout étoilé, Scintille, fourmille et babille Le carnaval bariolé. Arlequin, nègre par son masque, Serpent par ses […]...
- Chinoiserie Ce n’est pas vous, non, madame, que j’aime, Ni vous non plus, Juliette, ni vous, Ophélia, ni Béatrix, ni même Laure la blonde, avec ses […]...
- Pastel J’aime à vous voir en vos cadres ovales, Portraits jaunis des belles du vieux temps, Tenant en main des roses un peu pâles, Comme il […]...
- Lendemain À Henri Mercier. Avec les fleurs, avec les femmes, Avec l’absinthe, avec le feu, On peut se divertir un peu, Jouer son rôle en quelque […]...
- Watteau Devers Paris, un soir, dans la campagne, J’allais suivant l’ornière d’un chemin, Seul avec moi, n’ayant d’autre compagne Que ma douleur qui me donnait la […]...
- La bonne journée Ce jour, je l’ai passé ployé sur mon pupitre, Sans jeter une fois l’œil à travers la vitre. Par Apollo! Cent vers! Je devrais être […]...
- L’art Oui, l’oeuvre sort plus belle D’une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, émail. Point de contraintes fausses! Mais que pour marcher droit Tu chausses, […]...
- Vers faits dans le jardin de Mme De P*** Dans ce réduit, où l’Amour en silence Aime à rêver en cessant de jouir, Heureux qui vient avec une espérance, Et s’en retourne avec un […]...
- Romance I Au pays où se fait la guerre Mon bel ami s’en est allé ; Il semble à mon cœur désolé Qu’il ne reste que […]...
- Les matelots Sur l’eau bleue et profonde Nous allons voyageant, Environnant le monde D’un sillage d’argent, Des îles de la Sonde, De l’Inde au ciel brûlé, Jusqu’au […]...
- Sur le Carnaval de Venise II Sur les lagunes. Tra la, tra la, la, la, la laire! Qui ne connaît pas ce motif? A nos mamans il a su plaire, Tendre […]...
- Paganisme Pour les rêveurs, la source a toujours sa naïade Songeuse avec son cou flexible et ses yeux verts. Avec sa lèvre humide, avec ses bras […]...
- Goûte, me dit le Soir de juin avec douceur Goûte, me dit le Soir de juin avec douceur, Goûte ma reposante et secrète harmonie, Et forme tendrement ton âme et ton génie Sur le […]...
- Rêves J’ai rêvé parfois que vos yeux Me regardaient avec tristesse, Que vos grands yeux bleus sérieux Me regardaient avec tendresse ; J’ai rêvé que vous […]...
- L’éternité Elle est retrouvée. Quoi? – L’Eternité. C’est la mer allée Avec le soleil. Ame sentinelle, Murmurons l’aveu De la nuit si nulle Et du jour […]...
- L’Ondine et le Pêcheur Tous les jours, écartant les roseaux et les branches, Près du fleuve où j’habite un pêcheur vient s’asseoir – Car sous l’onde il a vu […]...
- Un pouacre Avec les yeux d’une tête de mort Que la lune encore décharne, Tout mon passé, disons tout mon remords, Ricane à travers ma lucarne. Avec […]...
- Un cri Hirondelle! hirondelle! hirondelle! Est-il au monde un coeur fidèle? Ah! s’il en est un, dis-le moi, J’irai le chercher avec toi. Sous le soleil ou […]...
- Contralto On voit dans le Musée antique, Sur un lit de marbre sculpté, Une statue énigmatique D’une inquiétante beauté. Est-ce un jeune homme? est-ce une femme, […]...
- Le moyen pour réussir Travailler, même avec courage, Mais sans méthode, est temps perdu. Pour faire un travail étendu Apprends à diviser l’ouvrage : Qui, pour abattre une forêt, […]...
- La parole Avec le masque du mensonge La parole suit son chemin, Rampe aujourd’hui, vole demain, Se raccourcit ou bien s’allonge. Elle empoigne comme une main Et […]...
- Paysage Pas une feuille qui bouge, Pas un seul oiseau chantant ; Au bord de l’horizon rouge Un éclair intermittent ; D’un côté, rares broussailles, Sillons […]...
- Le poème de la femme Marbre de Paros. Un jour, au doux rêveur qui l’aime, En train de montrer ses trésors, Elle voulut lire un poème, Le poème de son […]...
- Ce que disent les hirondelles Chanson d’automne. Déjà plus d’une feuille sèche Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche, Hélas! les beaux jours sont finis! […]...
- Les bulles de savon Fable V, Livre III. Tous les jours on voit des marmots, Avec un peu de vent gonfler un peu d’écume ; Tous les jours, avec […]...
- Les Néréides J’ai dans ma chambre une aquarelle Bizarre, et d’un peintre avec qui Mètre et rime sont en querelle, – Théophile Kniatowski. Sur l’écume blanche qui […]...
- La mansarde Sur les tuiles où se hasarde Le chat guettant l’oiseau qui boit, De mon balcon une mansarde Entre deux tuyaux s’aperçoit. Pour la parer d’un […]...
- Lied Au mois d’avril, la terre est rose, Comme la jeunesse et l’amour ; Pucelle encore, à peine elle ose Payer le Printemps de retour. Au […]...
- Consolation Ne sois pas étonné si la foule, ô poète, Dédaigne de gravir ton oeuvre jusqu’au faîte ; La foule est comme l’eau qui fuit les […]...
- Odelette anacréontique Pour que je t’aime, ô mon poète, Ne fais pas fuir par trop d’ardeur Mon amour, colombe inquiète, Au ciel rose de la pudeur. L’oiseau […]...
- Amour Je ne crains pas les coups du sort, Je ne crains rien, ni les supplices, Ni la dent du serpent qui mord, Ni le poison […]...
- Le marais C’est un marais dont l’eau dormante Croupit, couverte d’une mante Par les nénuphars et les joncs : Chaque bruit sous leurs nappes glauques Fait au […]...
- Le premier rayon de mai Hier j’étais à table avec ma chère belle, Ses deux pieds sur les miens, assis en face d’elle, Dans sa petite chambre ; ainsi que […]...
- Les deux vertiges Sonnet. Le voyageur, debout sur la plus haute cime, À travers le rideau d’une rose vapeur, Mesure avec la sonde immense de la peur Sous […]...
- Albertus (XLI) Seul un homme debout auprès d’une colonne, Sans que ce grand fracas le dérange ou l’étonne, A la scène oubliée attachant son regard, Dans une […]...