Quand je vais poursuivant mes courses poétiques,
Je m’arrête surtout aux vieux châteaux gothiques.
J’aime leurs toits d’ardoise aux reflets bleus et gris,
Aux faîtes couronnés d’arbustes rabougris ;
Leurs pignons anguleux, leurs tourelles aiguës ;
Dans les réseaux de plomb leurs vitres exiguës,
Légendes des vieux temps où les preux et les saints
Se groupent sous l’ogive en fantasques dessins ;
Avec ses minarets moresques, la chapelle
Dont la cloche qui tinte à la prière appelle ;
J’aime leurs murs verdis par l’eau du ciel lavés,
Leurs cours où l’herbe croît à travers les pavés,
Au sommet des donjons leurs girouettes frêles
Que la blanche cigogne effleure de ses ailes ;
Leurs ponts-levis tremblants, leurs portails blasonnés,
De monstres, de griffons, bizarrement ornés ;
Leurs larges escaliers aux marches colossales,
Leurs corridors sans fin et leurs immenses salles,
Où, comme une voix faible, erre et gémit le vent,
Où, recueilli dans moi, je m’égare, rêvant,
Paré de souvenirs d’amour et de féerie,
Le brillant moyen-âge et la chevalerie.