J’atteignais l’âge austère où l’on est fort en thème,
Où l’on cherche, enivré d’on ne sait quel parfum,
Afin de pouvoir dire éperdument Je t’aime!
Quelqu’un.
J’entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes!
Jardins! croissance obscure et douce du printemps!
Et j’aimais Hermina, dans l’ombre. Elle avait, certes,
Huit ans.
Parfois, bien qu’elle fût à jouer occupée,
J’allais, muet, m’asseoir près d’elle, avec ferveur,
Et je la regardais regarder sa poupée,
Rêveur.
Il est une heure étrange où l’on sent l’âme naître ;
Un jour, j’eus comme un chant d’aurore au fond du coeur.
Soit, pensai-je, avançons, parlons! c’est l’instant d’être
Vainqueur!
Je pris un air profond, et je lui dis : – Minette,
Unissons nos destins. Je demande ta main. –
Elle me répondit par cette pichenette :
– Gamin!
Poèmes similaires:
- Le chant et l’amour Les festins font naître la joie Et le franc rire et les bons mots ; Mais lorsque la raison s’y noie L’ivresse est le pire […]...
- À Jeanne Lemerre (Pour le jour de son mariage) Poète de vingt ans, je t’ai vue au berceau. Qu’elle est loin, la chanson du Passant à Silvie! Que […]...
- Rêverie Oh! laissez-moi! c’est l’heure où l’horizon qui fume Cache un front inégal sous un cercle de brume, L’heure où l’astre géant rougit et disparaît. Le […]...
- Le rossignol Toi qui vas, par la grise Armor, Maudissant l’amour et ses fièvres, Les violettes de la mort Fleuriront bientôt sur tes lèvres. Encore une heure, […]...
- Qu’était-ce que l’enfant? Qu’était-ce que l’enfant? qu’était-ce que la mère? Je l’ignorais. C’était la saison éphémère Qui nous enchante ; et n’a qu’un défaut, durer peu, Avril. De […]...
- Honte Tant que la lame n’aura Pas coupé cette cervelle, Ce paquet blanc, vert et gras, A vapeur jamais nouvelle, (Ah! Lui, devrait couper son Nez, […]...
- L’hiver Ce qu’il faut au bonheur, lorsque souffle la bise, C’est une porte close, un livre, et dans un coin Une lampe qui brûle, et qui […]...
- Le vent est doux comme une main de femme Le vent est doux comme une main de femme, Le vent du soir qui coule dans mes doigts ; L’oiseau bleu s’envole et voile sa […]...
- Jeanne songeait Jeanne songeait, sur l’herbe assise, grave et rose ; Je m’approchai : – Dis-moi si tu veux quelque chose, Jeanne? – car j’obéis à ces […]...
- Vision Comme elle a le cœur épris De la tristesse des grèves, Je crois souvent dans mes rêves Qu’elle n’est plus à Paris. Je lui vois […]...
- Quelquefois sur le seuil de pierre Quelquefois sur le seuil de pierre J’écoute, pensive, le chant Des martinets, delà lumière Et des guêpes brunes du champ. Le jour dans sa ronde […]...
- La folle Sonnet. Errante, elle demande aux enfants d’alentour Une fleur qu’elle a vue un jour en Allemagne, Frêle, petite et sombre, une fleur de montagne. Au […]...
- À petite Jeanne Vous eûtes donc hier un an, ma bien-aimée. Contente, vous jasez, comme, sous la ramée, Au fond du nid plus tiède ouvrant de vagues yeux, […]...
- Soir d’été Une tendre langueur s’étire dans l’espace ; Sens-tu monter vers toi l’odeur de l’herbe lasse? Le vent mouillé du soir attriste le jardin ; L’eau […]...
- Hermione et les bergers Palès fait gazouiller la flûte sous ses doigts, Mélène sous sa lèvre anime le hautbois, Et chacun à son tour que la lutte stimule Module […]...
- L’heure de l’inspiration Aimez-vous ce moment où la brise repose Avec le bruit du jour par degrés endormi Dû l’insecte léger ne reconnaît la rose Qu’aux parfums qu’elle […]...
- En mai Une sorte de verve étrange, point muette, Point sourde, éclate et fait du printemps un poète ; Tout parle et tout écoute et tout aime […]...
- Au peuple (II) Il te ressemble ; il est terrible et pacifique. Il est sous l’infini le niveau magnifique ; Il a le mouvement, il a l’immensité. Apaisé […]...
- Romance mauresque Don Rodrigue est à la chasse. Sans épée et sans cuirasse, Un jour d’été, vers midi, Sous la feuillée et sur l’herbe Il s’assied, l’homme […]...
- L’épée Sonnet. Qu’est-ce tranchant de fer souple, affilé, pointu? Ce ne sont pas les flancs de la terre qu’il fouille, Ni les pierres qu’il fend, ni […]...
- Les autographes (2) Ce jour est un beau jour, et je bénis cette heure, Car des hôtes divins qui m’étaient inconnus Sous mon toit solitaire aujourd’hui sont venus, […]...
- L’enfance L’enfant chantait ; la mère au lit exténuée, Agonisait, beau front dans l’ombre se penchant ; La mort au-dessus d’elle errait dans la nuée ; […]...
- Ce qu’on entend sur la montagne O altitudo! Avez-vous quelquefois, calme et silencieux, Monté sur la montagne, en présence des cieux? Était-ce aux bords du Sund? aux côtes de Bretagne? Aviez-vous […]...
- À Virgile Ô précurseur naïf et doux de l’Évangile, Poète aimant, vieux maître immortel, ô Virgile, J’étais encore enfant quand sous le ciel du Nord J’ai respiré […]...
- Où notre amour a voulu naître Dans la maison où notre amour a voulu naître, Avec les meubles chers peuplant l’ombre et les coins, Où nous vivons à deux, ayant pour […]...
- Garat à Bordeaux Avec ta gente mie, Où vas-tu, troubadour? » » – Je vais à ma patrie Demander un beau jour. Salut, rive enchantée, Qui vis mes […]...
- Deux vers d’Alcée Quel était ton désir et ta crainte secrète? Quoi! le vœu de ton cœur, ta Muse trop discrète Rougit-elle de l’exprimer? Alcée, on reconnaît l’amour […]...
- Duel en juin À un ami. Jeanne a laissé de son jarret Tomber un joli ruban rose Qu’en vers on diviniserait, Qu’on baise simplement en prose. Comme femme […]...
- Les autres en tout sens Les autres en tout sens laissent aller leur vie, Leur âme, leur désir, leur instinct, leur envie. Tout marche en eux, au gré des choses […]...
- L’habitude À Léon Chailley. La tranquille Habitude aux mains silencieuses Panse, de jour en jour, nos plus grandes blessures ; Elle met sur nos cœurs ses […]...