Sonnet.
Vague et noyée au fond du brouillard hiémal,
Mon âme est un manoir dont les vitres sont closes,
Ce soir, l’ennui visqueux suinte au long des choses,
Et je titube au mur obscur de l’animal.
Ma pensée ivre, avec ses retours obsédants
S’affole et tombe ainsi qu’une danseuse soûle ;
Et je sens plus amer, à regarder la foule,
Le dégoût d’exister qui me remonte aux dents.
Un lugubre hibou tournoie en mon front vide ;
Mon cœur sous les rameaux d’un silence torpide
S’endort comme un marais violâtre et fiévreux.
Et toujours, à travers mes yeux, vitres bizarres,
Je vois – vers l’Orient étouffant et cuivreux –
Des cités d’or nager dans des couchants barbares.
(2 votes, average: 3,00 out of 5)Poèmes similaires:
- La femme noyée Je ne suis pas de ceux qui disent : Ce n’est rien ; C’est une femme qui se noie. Je dis que c’est beaucoup ; […]...
- Dilection Sonnet. J’adore l’indécis, les sons, les couleurs frêles, Tout ce qui tremble, ondule, et frissonne, et chatoie : Les cheveux et les yeux, l’eau, les […]...
- La perdrix Sonnet. Hélas! celle qui, jeune en la belle saison, Causa dans les blés verts une ardente querelle Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle, La […]...
- Des soirs Sonnet. Sous les vitres du hall nitreux que le froid fore Et vrille et que de mats brouillards baignent de vair, Un soir, en tout […]...
- Ville morte Sonnet. Vague, perdue au fond des sables monotones, La ville d’autrefois, sans tours et sans remparts, Dort le sommeil dernier des vieilles Babylones, Sous le […]...
- Le faune Un vieux faune de terre cuite Rit au centre des boulingrins, Présageant sans doute une suite Mauvaise à ces instants sereins Qui m’ont conduit et […]...
- Sur les débuts d’Amina Boschetti Sonnet. Amina bondit, – fuit, – puis voltige et sourit ; Le Welche dit : » Tout ça, pour moi, c’est du prâcrit ; Je […]...
- L’astre rouge Sur les continents morts, les houles léthargiques Où le dernier frisson d’un monde a palpité S’enflent dans le silence et dans l’immensité ; Et le […]...
- L’aigle et le hibou L’aigle et le chat-huant leurs querelles cessèrent, Et firent tant qu’ils s’embrassèrent. L’un jura foi de roi, l’autre foi de hibou, Qu’ils ne se goberaient […]...
- Soirs (III) Sonnet. Le ciel comme un lac d’or pâle s’évanouit, On dirait que la plaine, au loin déserte, pense ; Et dans l’air élargi de vide […]...
- Vapeurs de mares Sonnet. Le soir, la solitude et la neige s’entendent Pour faire un paysage affreux de cet endroit Blêmissant au milieu dans un demi-jour froid Tandis […]...
- Première soirée – Elle était fort déshabillée Et de grands arbres indiscrets Aux vitres jetaient leur feuillée Malinement, tout près, tout près. Assise sur ma grande chaise, […]...
- Horreur sympathique Sonnet. De ce ciel bizarre et livide, Tourmenté comme ton destin, Quels pensers dans ton âme vide Descendent? Réponds, libertin. – Insatiablement avide De l’obscur […]...
- Les deux bouleaux Sonnet. L’été, ces deux bouleaux qui se font vis-à-vis, Avec ce délicat et mystique feuillage D’un vert si vaporeux sur un si fin branchage, Ont […]...
- L’inspiration Sonnet. Un oiseau solitaire aux bizarres couleurs Est venu se poser sur une enfant ; mais elle, Arrachant son plumage où le prisme étincelle, De […]...
- Au prodigue Sonnet. Le cœur n’est pas fragile, il est fait d’or solide : Plût au dieux que, pareil à l’amphore de grès, Il ne servît qu’un […]...
- Les infinis Sonnet. Vertigineux géant du désert qu’il écrase, La tête dans l’azur et le pied dans la mer, Le mont découpe, ardent, sous le dôme de […]...
- L’enfant, voyant l’aïeule L’enfant, voyant l’aïeule à filer occupée, Veut faire une quenouille à sa grande poupée. L’aïeule s’assoupit un peu ; c’est le moment. L’enfant vient par […]...
- Mois de décembre Le hibou parmi les décombres Hurle, et Décembre va finir ; Et le douloureux souvenir Sur ton cœur jette encor ses ombres. Le vol de […]...
- Dans cette ville où rien ne rit Dans cette ville où rien ne rit et ne palpite, Comme dans une femme aujourd’hui décrépite, On sent que quelque chose, hélas! a disparu! Les […]...
- Le revenant Sonnet. Comme les anges à l’oeil fauve, Je reviendrai dans ton alcôve Et vers toi glisserai sans bruit Avec les ombres de la nuit, Et […]...
- Le hibou et le pigeon Que mon sort est affreux! S’écriait un hibou : Vieux, infirme, souffrant, accablé de misère, Je suis isolé sur la terre, Et jamais un oiseau […]...
- Saison fidèle aux cœurs Saison fidèle aux cœurs qu’importune la joie, Te voilà, chère Automne, encore de retour. La feuille quitte l’arbre, éclatante, et tournoie Dans les forêts à […]...
- Ne ris point des sonnets Sonnet. Ne ris point des sonnets, ô critique moqueur! Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ; C’est sur ce luth heureux que Pétrarque […]...
- Été des vieilles joies Que ton souffle renaisse, Eté des vieilles joies, Et ramène l’espoir et son divin cortège, Et ravive l’écho de mes pas sur la grève Où […]...
- Les deux vertiges Sonnet. Le voyageur, debout sur la plus haute cime, À travers le rideau d’une rose vapeur, Mesure avec la sonde immense de la peur Sous […]...
- L’heure verte Comme bercée en un hamac La pensée oscille et tournoie, À cette heure où tout estomac Dans un flot d’absinthe se noie. Et l’absinthe pénètre […]...
- Le coucher du soleil Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries Et jette l’incendie aux vitres du château, Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d’eau […]...
- La coupe Sonnet. Dans les verres épais du cabaret brutal, Le vin bleu coule à flots et sans trêve à la ronde ; Dans les calices fins […]...
- I Sonnet I Sonnet Avec la manière de s’en servir. Réglons notre papier et formons bien nos lettres : Vers filés à la main et d’un pied […]...