À Mademoiselle Contat.
Vos doigts de rose ont déchiré
Le crêpe étendu sur ma vie ;
Par vous, belle et sensible amie,
De mes fers je suis délivré.
Je ne suis plus seul sur la terre ;
Je redeviens, par vos bienfaits,
Fils, époux, citoyen et père,
Ami, frère, et surtout Français.
Me savaient-ils cette existence,
Ceux qui m’avaient calomnié?
Riche et fier de votre amitié,
Pouvais-je abandonner la France?
Ami de la tranquillité,
Je ne suis ni guerrier ni prêtre.
J’ai fait quelques héros peut-être ;
Mais je ne l’ai jamais été.
C’est depuis qu’elle m’est ravie
Que j’estime la liberté :
Elle ressemble à la santé,
Que le seul malade apprécie.
Mille fois heureux qui par vous
Recouvre ce bien que j’adore ;
Mille fois plus heureux encore
Qui peut le perdre à vos genoux!
À Dunkerque, le 9 décembre 1792
Poèmes similaires:
- Heureux celui qui peut longtemps suivre la guerre Sonnet XCIV. Heureux celui qui peut longtemps suivre la guerre Sans mort, ou sans blessure, ou sans longue prison! Heureux qui longuement vit hors de […]...
- Ballade du dernier amour Mes souvenirs sont si nombreux Que ma raison n’y peut suffire. Pourtant je ne vis que par eux, Eux seuls me font pleurer et rire. […]...
- L’ange et le rameau Que ce rameau béni protège ta demeure! L’ange du souvenir me l’a donné pour toi : Toi qui n’aimes pas que l’on pleure, Sois heureux, […]...
- À Climène (Nouveaux tourments d’amour.) 1671. Me voici rembarqué sur la mer amoureuse, Moi pour qui tant de fois elle fut malheureuse, Qui ne suis pas encor […]...
- Pour M. L. C. D. C (Pour M. L. C. D. C. en captivité.) À Iris. Vous demandez, Iris, ce que je fais : Je pense à vous, je m’épuise en […]...
- Mare velivolum Où vont ces vaisseaux aux vives allures Qui, sortant du port, nous disent adieu? Où vont ces vaisseaux aux blanches voilures Que mon œil poursuit […]...
- J’espère et crains J’espère et crains, je me tais et supplie, Or je suis glace, et ores un feu chaud, J’admire tout, et de rien ne me chaut, […]...
- Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte, Comme il m’assaut, comme il se fait vainqueur, Comme il renflamme et renglace mon coeur, Comme il […]...
- Souvenir du 11 janvier 1866 Oh! le monde est à moi, puisque enfin quelqu’un m’aime. Figurez-vous! un soir, plein d’un ennui suprême, Seul, mais seul malgré moi, malheureux d’être seul, […]...
- Les chaînes J’ai voulu tout aimer, et je suis malheureux, Car j’ai de mes tourments multiplié les causes ; D’innombrables liens frêles et douloureux Dans l’univers entier […]...
- Mille baisers perdus Sonnet LVIII. Mille baisers perdus, mille et mille faveurs, Sont autant de bourreaux de ma triste pensée, Rien ne la rend malade et ne l’a […]...
- Le ménestrel Il te doit son heureux délire, Le Barde qui t’a su chanter, Ô toi qui donnes à la lyre Ce que l’or ne peut acheter! […]...
- Pareil j’égale au soleil que j’adore Pareil j’égale au soleil que j’adore L’autre soleil. Celui-là de ses yeux Enlustre, enflamme, enlumine les cieux, Et celui-ci toute la terre honore. L’art, la […]...
- Au maître d’un jardin De ce chaume heureux possesseur, De bon cœur, hélas! que j’envie Tes travaux, ta philosophie, Ta solitude et ton bonheur! Pour prix des soins que […]...
- L’absence Huit jours sont écoulés depuis que dans ces plaines Un devoir importun a retenu mes pas. Croyez à ma douleur, mais ne l’éprouvez pas. Puissiez-vous […]...
- Le verre Madame, on m’a dit l’autre jour Que j’imitais… qui donc? devine ; Que j’imitais Musset : le tour N’en est pas nouveau, j’imagine. Musset a […]...
- L’enlèvement pour rire Ainsi c’est vous que l’on marie Au mois prochain? Qui donc épousez-vous, Marie? Chose ou Machin? Chose ou Machin, il ne m’importe. La vérité, C’est […]...
- Quand je cause avec toi » Quand je cause avec toi paisiblement, Ce m’est vraiment charmant, tu causes si paisiblement! Quand je dispute et te fais des reproches, Tu disputes, […]...
- L’agonie Vous qui m’aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien ; Faites que j’entende un peu d’harmonie, Et je mourrai bien. La musique apaise, enchante […]...
- Le vin de l’assassin Ma femme est morte, je suis libre! Je puis donc boire tout mon soûl. Lorsque je rentrais sans un sou, Ses cris me déchiraient la […]...
- Il est trop tard Rappelez-vous ces jours heureux, Où mon cœur crédule et sincère Vous présenta ses premiers vœux. Combien alors vous m’étiez chère! Quels transports! quel égarement! Jamais […]...
- Ô Déesse qui peut aux princes égaler Sonnet XCVI. Ô Déesse, qui peut aux princes égaler Un pauvre mendiant qui n’a que la parole, Et qui peut d’un grand roi faire un […]...
- Antéros Tu demandes pourquoi j’ai tant de rage au cœur Et sur un col flexible une tête indomptée ; C’est que je suis issu de la […]...
- Prière pour lui Dieu! créez à sa vie un objet plein de charmes, Une voix qui réponde aux secrets de sa voix! Donnez-lui du bonheur, Dieu! donnez-lui des […]...
- Plus mille fois que nul or terrien Plus mille fois que nul or terrien, J’aime ce front où mon tyran se joue Et le vermeil de cette belle joue, Qui fait honteux […]...
- Ce n’est l’ambition, ni le soin d’acquérir Sonnet XXVII. Ce n’est l’ambition, ni le soin d’acquérir, Qui m’a fait délaisser ma rive paternelle, Pour voir ces monts couverts d’une neige éternelle, Et […]...
- À Laure B Xx(Après avoir lu ses jolis vers.) En vérité, je suis jaloux De ces vers où l’amour respire : Le peindre aussi bien qu’on l’inspire! Cela […]...
- Le refroidissement Ils ne sont plus ces jours délicieux, Où mon amour respectueux et tendre À votre cœur savait se faire entendre, Où vous m’aimiez, où nous […]...
- Le fleuve Fable XVII, Livre I. Un grand fleuve parcourt le monde : Tantôt lent, il serpente entre des prés fleuris, Les embellit et les féconde ; […]...
- Quand du sort inhumain les tenailles flambantes Sonnet L. Quand du sort inhumain les tenailles flambantes Du milieu de mon corps tirent cruellement Mon coeur qui bat encor’ et pousse obstinément, Abandonnant […]...