Doux air mélancolique et suave qui passe
En lambeaux déchirés épars dans ces grands vents,
À leurs rugissements monstrueux tu t’enlaces,
Et glisses dans leur voix tes soupirs décevants ;
Car à peine on saisit, dans leur fureur, les traces
De tes frêles fragments, éplorés ou fervents,
Et ta pauvre douceur, mêlée à leurs menaces,
Fuit à peine entendue en leurs torrents mouvants.
Et pourtant elle est plus que la tempête énorme
Qui l’a prise en chemin, la disperse et l’enlève,
Car elle donne une âme à sa clameur informe,
Elle en fait la détresse où se débat un rêve ;
Et cet accent humain qu’il emporte transforme
En chagrin l’ouragan qui hurle sur la grève.
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