Sonnet.
Ce qui m’excite à t’aimer, ô mon Dieu,
Ce n’est pas l’heureux ciel que mon espoir devance,
Ce qui m’excite à t’épargner l’offense,
Ce n’est pas l’enfer sombre et l’horreur de son feu!
C’est toi, mon Dieu, toi par ton libre vœu
Cloué sur cette croix où t’atteint l’insolence ;
C’est ton saint corps sous l’épine et la lance,
Où tous les aiguillons de la mort sont en jeu.
Voilà ce qui m’éprend, et d’amour si suprême,
Ô mon Dieu, que, sans ciel même, je t’aimerais ;
Que, même sans enfer, encor je te craindrais!
Tu n’as rien à donner, mon Dieu, pour que je t’aime ;
Car, si profond que soit mon espoir, en l’ôtant,
Mon amour irait seul, et t’aimerait autant!
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