Puisque ma bouche a rencontré
Sa bouche, il faut me taire. Trêve
Aux mots creux. Je ne montrerai
Rien qui puisse trahir mon rêve.
*
Il faut que je ne dise rien
De l’odeur de sa chevelure,
De son sourire aérien,
Des bravoures de son allure,
Rien des yeux aux regards troublants,
Persuasifs, cabalistiques,
Rien des épaules, des bras blancs
Aux effluves aromatiques.
*
Je ne sais plus faire d’ailleurs
Une si savante analyse,
Possédé de rêves meilleurs
Où ma raison se paralyse.
Et je me sens comme emporté,
Épave en proie au jeu des vagues,
Par le vertige où m’ont jeté
Ses lèvres tièdes, ses yeux vagues.
*
On se demandera d’où vient
L’influx tout-puissant qui m’oppresse,
Mais personne n’en saura rien
Que moi seul… et l’Enchanteresse.
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