Pour couronner la blonde enfant aux yeux d’azur,
De toutes la plus chaste ensemble et la plus belle,
Car sa gorge orgueilleuse a pour hôte un cœur pur,
Que l’azur du bleuet au fauve épi se mêle.
Quand le ciel d’août torride accable les moissons,
Qu’au sein des blés houleux s’enfoncent les faucilles,
Son labeur et sa force étonnent les garçons,
Sa sévère beauté rend jalouses les filles.
Le blé tombe ; elle va, courbant les reins. Son bras
D’un geste calme fauche à pleins faisceaux les tiges.
Elle avance ; derrière elle le chaume est ras :
Les pauvres seuls pourront glaner sur ses vestiges.
Son sillon large an bord de ciel illimité
Se perd. Elle s’arrête et relève son buste ;
Et sur l’horizon pâle où brûle tout l’été
Le poète croit voir surgir Cérès auguste.
Les jeunes moissonneurs sont pensifs, ne sachant
Qui d’entre eux, au prochain automne, élu par elle,
Dénouera cette gerbe intacte, honneur du champ,
Où le bleuet d’azur aux blonds épis se mêle.