Ainsi c’est vous que l’on marie
Au mois prochain?
Qui donc épousez-vous, Marie?
Chose ou Machin?
Chose ou Machin, il ne m’importe.
La vérité,
C’est que je suis mis à la porte
En plein été.
Oui, cet hymen va se conclure,
Et Messidor
Balance au vent la chevelure
Des épis d’or!
Et c’est au moment où sur terre
Tout reverdit,
Que vous passez devant notaire
L’acte susdit!
Oh! non, cela n’est pas possible,
Mia bella,
Et je suis fou d’être sensible
À ce point-là!
Quoi! parce qu’un barbon vous offre,
Sincère ou non,
Ses rhumatismes et son coffre
Avec son nom,
Parce qu’il est prince ou vidame,
Quoi! par désir
De s’entendre appeler madame
X… à loisir,
Vous troqueriez notre jeunesse,
Échange vain!
Nos beaux appétits de faunesse
Et de Sylvain!
Non! mille fois non, je le jure!
Non, sarpejeu!
Cet hymen n’est qu’une gageure
Et n’est qu’un jeu!
Allons! viens-nous-en, l’infidèle.
Par les sentiers
Fleuris tout le long d’asphodèle
Et d’églantiers.
Vois comme on est bien sur la mousse!
Veux-tu t’asseoir?
Sens-tu glisser sur ta frimousse
Le vent du soir?
Il glisse, et ce sont des murmures.
Et des frissons.
Et des parfums volés aux mûres
Dans les buissons.
Il glisse! Adieu, soucis moroses,
Tristesse, émoi!
Ma mie, ouvrez vos lèvres roses
Et baisez-moi.