Je suis revenu seul par Landrellec. Voici
Qu’au soir tombant l’ajonc s’est encore épaissi
Et qu’à force d’errer dans le vent et la brume,
Si tard, sous ce ciel bas fouetté d’une âpre écume,
Et d’entendre à mes pieds sur le varech amer
Toujours, toujours ce râle obsédant de la mer,
Et de voir, quand mes yeux retournaient vers la côte,
Des peurs sourdes crisper la lande épaisse et haute
Et la brume flotter partout comme un linceul,
J’ai senti que mon mal n’était pas à moi seul
Et que la lande avec ses peurs crépusculaires.
Et qu’avec ses sanglots profonds et ses colères
La mer, et que la nuit et la brume et le vent,
Tout cela s’agitait, souffrait, était vivant,
Et roulait, sous la nue immobile et sans flamme,
Une peine pareille à la vôtre, mon âme.
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