Oh! l’heure douce et calme, en été, quand décline
Le soleil à demi caché par la colline!
Immobiles tantôt, les arbres languissants
A présent sont émus par des souffles naissants ;
Au bourdonnement lourd de l’heure où l’ombre est tiède
Un bruit doux, fait d’appels et de rires, succède ;
C’est l’instant où les gens, revenus du travail,
Font sortir le mulet et le menu bétail,
Et vont à l’abreuvoir, près du puits solitaire.
On entend sous des pas lointains sonner la terre ;
La cigale attardée au loin frémit encore ;
Là-bas, sur la grand’route, où la poussière est d’or,
La charrette, au tournant, grince en s’ébranlant toute ;
La vigne et l’olivier, aux deux bords de la route,
Secouent leurs blancs rameaux poudreux encore du jour ;
Et tandis que partout sur les seuils d’alentour,
A l’ombre de la treille où pend la lourde grappe,
La fermière, après qui le chien bondit et jappe,
Dresse la table aux plats appétissants à voir,
On peut de tous côtés entendre dans le soir
(Car c’est l’heure agréable et tranquille où l’on puise
Cette eau fraîche qu’attend déjà la table mise),
On peut entendre autour de soi, de tous côtés,
Parmi les cris joyeux dans l’écho répétés,
Et les chansons qu’un souffle au loin porte affaiblies,
Le grincement mouillé des seaux et des poulies.