Désirer sans espoir,
Regarder sans rien voir,
Se nourrir de ses larmes,
S’en reprocher les charmes,
S’écrier à vingt ans :
» Que j’ai souffert longtemps! »
Perdre jusqu’à l’envie
De poursuivre la vie :
On me l’a dit un jour,
C’est le vrai mal d’amour.
Dans ses songes secrets,
Revoir les mêmes traits ;
Craindre la ressemblance
Qu’on appelle en silence ;
En frémissant d’aimer,
Apprendre à l’exprimer ;
Pleurer qu’un si doux songe
Soit toujours un mensonge :
On me l’a dit un jour,
C’est le vrai mal d’amour.
S’arracher aux accents,
Que l’on écoute absents ;
Mais, en fuyant l’orage,
Détester son courage ;
Trembler de se guérir,
Le promettre… et mourir ;
Voilà ce qu’on ignore,
Quand on espère encore :
On me l’a dit un jour,
C’est le vrai mal d’amour.
Poèmes similaires:
- Se voir le plus possible Sonnet. Se voir le plus possible et s’aimer seulement, Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge, Sans qu’un désir nous trompe, ou qu’un […]...
- La parole Avec le masque du mensonge La parole suit son chemin, Rampe aujourd’hui, vole demain, Se raccourcit ou bien s’allonge. Elle empoigne comme une main Et […]...
- Dedans des Prez je vis une Dryade Dedans des Prez je vis une Dryade, Qui comme fleur s’assisoyt par les fleurs, Et mignotoyt un chappeau de couleurs, Echevelée en simple verdugade. Des […]...
- Au livre de Léopardi Il est de longs soupirs qui traversent les âges Pour apprendre l’amour aux âmes les plus sages. Ô sages! De si loin que ces soupirs […]...
- Amour, tu es trop fort, trop foible est ma Raison Amour, tu es trop fort, trop foible est ma Raison Pour soustenir le camp d’un si rude adversaire. Va, badine Raison, tu te laisses desfaire […]...
- L’horrible nuit d’insomnie L’horrible nuit d’insomnie! – Sans la présence bénie De ton cher corps près de moi, Sans ta bouche tant baisée Encore que trop rusée En […]...
- L’orage Oh! que la nuit est lente! De sa lueur tremblante, Elle attriste l’amour. J’entends gronder l’orage ; Il trouble mon courage. Ne reverront-ils pas le […]...
- À la nuit Douce Nuit, ton charme paisible Du malheureux suspend les pleurs ; Nul mortel n’est insensible À tes bienfaisantes erreurs. Souvent dans un cœur rebelle Tu […]...
- Le lendemain du premier jour de mai Le lendemain du premier jour de may, Dedens mon lit ainsi que je dormoye, Au point du jour m’avint que je songay Que devant moy […]...
- Le bonheur est mélancolique Le bonheur est mélancolique. Le cri des plus joyeux oiseaux Paraît lointain comme de l’eau Où se noierait une musique. À l’œil qui s’en repaît […]...
- Les cartes C’était en octobre, un dimanche, Je revenais de déjeuner ; Vous jouiez au lit, toute blanche, Vos cartes dans votre main… franche, Qui commence à […]...
- L’espérance Comme une vaine erreur, Comme un riant mensonge, S’évanouit le songe Qui faisait mon bonheur. Ô douce chimère! Si tu fuis sans retour, Dans ta […]...
- Tristesse Au docteur Veyne. Si je pouvais trouver un éternel sourire, Voile innocent d’un coeur qui s’ouvre et se déchire, Je l’étendrais toujours sur mes pleurs […]...
- L’innocence Beau fantôme de l’innocence, Vêtu de fleurs, Toi qui gardes sous ta puissance Une âme en pleurs! Ô toi qui devanças nos hontes Et nos […]...
- La prière pour tous (X) X. Et toi, céleste ami qui gardes son enfance, Qui le jour et la nuit lui fais une défense De tes ailes d’azur! Invisible trépied […]...
- L’amour Vous demandez si l’amour rend heureuse ; Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour. Ah! pour un jour d’existence amoureuse, Qui ne mourrait? la vie […]...
- Caprice Ô poète, faux pauvre et faux riche, homme vrai, Jusqu’en l’extérieur riche et pauvre pas vrai, (Dès lors, comment veux-tu qu’on soit sûr de ton […]...
- Pourtant, si tu m’aimais Pourtant, si tu m’aimais! si cette raillerie Avait jeté racine et germé sourdement ; Si, moi qui me jouais, si tu m’avais, Marie, De la […]...
- Aimer est un destin charmant Élégie VIII. Aimer est un destin charmant ; C’est un bonheur qui nous enivre, Et qui produit l’enchantement. Avoir aimé, c’est ne plus vivre, Hélas! […]...
- Les mots sans qu’on les craigne Les mots sans qu’on les craigne ont d’effrayants pouvoirs, Ils sont les bâtisseurs hasardeux des pensées, L’âme la plus puissante est parfois dépassée Par ces […]...
- Pur jeudi Rues, campagnes, où courais-je? Les glaces me chassaient aux tournants vers d’autres mares. Les boulevards verts! Jadis, j’admirais sans baisser les paupières, mais le soleil […]...
- Quand vous exagérez même la vérité Quand vous exagérez même la vérité, Mon aimable Zoé, vous vous éloignez d’elle. Vous altérez, hélas! la grâce naturelle, Et l’heureuse simplicité Qui vous rendent […]...
- L’insomnie Je ne veux pas dormir. Ô ma chère insomnie! Quel sommeil aurait ta douceur? L’ivresse qu’il accorde est souvent une erreur, Et la tienne est […]...
- À la manière de Paul Verlaine C’est à cause du clair de la lune Que j’assume ce masque nocturne Et de Saturne penchant son urne Et de ces lunes l’une après […]...
- Crois-moi Si ta vie obscure et charmée Coule à l’ombre de quelques fleurs, Âme orageuse mais calmée Dans ce rêve pur et sans pleurs, Sur les […]...
- L’espoir Je voudrais aimer autrement, Hélas! Je voudrais être heureuse! Pour moi l’amour est un tourment, La tendresse m’est douloureuse. Ah! Que je voudrais être heureuse! […]...
- Vie antérieure S’il est vrai que ce monde est pour l’homme un exil Où, ployant sous le faix du labeur dur & vil, Il expie en pleurant […]...
- Renoncement Depuis que sous les cieux un doux rayon colore Ma jeunesse en sa fleur, ouverte aux feux du jour, Si mon cœur a rêvé, si […]...
- Je n’ai pas de chance en femme Je n’ai pas de chance en femme, Et, depuis mon âge d’homme, Je ne suis tombé guère, en somme. Que sur des criardes infâmes. C’est […]...
- Éventail de Mademoiselle Mallarmé Ô rêveuse, pour que je plonge Au pur délice sans chemin, Sache, par un subtil mensonge, Garder mon aile dans ta main. Une fraîcheur de […]...