Sonnet.
Fors l’amour, tout dans l’art semble à la femme vain :
Le génie auprès d’elle est toujours solitaire.
Orphée allait chantant, suivi d’une panthère,
Dont il croyait leurrer l’inexorable faim ;
Mais, dès que son pied nu rencontrait en chemin
Quelque épine de rose et rougissait la terre,
La bête, se ruant d’un bond involontaire,
Oublieuse des sons, lampait le sang humain.
Crains la docilité félonne d’une amante,
Poète : elle est moins souple à la lyre charmante
Qu’avide, par instinct, de voir le cœur saigner.
Pendant que ta douleur plane et vibre en mesure,
Elle épie à tes pieds les pleurs de ta blessure,
Plaisir plus vif encor que de la dédaigner.
(1 votes, average: 5,00 out of 5)
Poèmes similaires:
- À un ami trahi par sa maîtresse Quoi! tu gémis d’une inconstance? Tu pleures, nouveau Céladon? Ah! le trouble de ta raison Fait honte à ton expérience. Es-tu donc assez imprudent Pour […]...
- Le déchiffrement des esprits L’homme vain dit ce qu’il veut faire, L’homme fort dit ce qu’il a fait ; Inconnu, si tu veux me plaire, Révèle-moi ce qui te […]...
- Un exil Je plains les exilés qui laissent derrière eux L’amour et la beauté d’une amante chérie ; Mais ceux qu’elle a suivis au désert sont heureux […]...
- Fatalité Sonnet. Que n’ai-je appris l’amour sous un regard moins beau! Je n’aurais pas traîné si longtemps sur la terre Cet âpre souvenir, le seul que […]...
- La Créole Voici l’heure décolorée : La créole a quitté l’ombrelle Et bâille dans son hamac frêle Au bruit de la vague éplorée. Les chatoiements du clair […]...
- À vingt ans Sonnet. À vingt ans on a l’œil difficile et très fier : On ne regarde pas la première venue, Mais la plus belle! Et, plein […]...
- La laide Femmes, vous blasphémez l’amour, quand d’aventure Un seul rebelle insulte à votre royauté. Ah! C’est un pire affront qu’en silence elle endure, La jeune fille […]...
- Bouquet À Paimpol, un soir, tandis que la lune Éveillait au large un chant de marin, Nous avons tous deux cueilli sur la dune Ces touffes […]...
- À Marceline Desbordes-Valmore L’amour, dont l’autre nom sur terre est la douleur, De ton sein fit jaillir une source écumante, Et ta voix était triste et ton âme […]...
- L’épousée Elle est fragile à caresser, L’épousée au front diaphane, Lis pur qu’un rien ternit et fane, Lis tendre qu’un rien peut froisser, Que nul homme […]...
- La voix Voix de surnaturelle amante ventriloque Qui toujours me pénètre en voulant m’effleurer ; Timbre mouillé qui charme autant qu’il interloque, Son bizarre d’un triste à […]...
- À l’éternel madame Sonnet. Mannequin idéal, tête-de-turc du leurre, Eternel Féminin! … repasse tes fichus ; Et viens sur mes genoux, quand je marquerai l’heure, Me montrer comme […]...
- La Poésie À Victor Gérurez. Quand j’entends disputer les hommes Sur Dieu qu’ils ne pénètrent point, Je me demande où nous en sommes : Hélas! toujours au […]...
- Le pardon Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable. De ce dernier moment veux-tu charmer l’horreur? Viens encore une fois presser ta main coupable Sur […]...
- La lune Le soleil dit à la lune : » Que fais-tu sur l’horizon? Il est bien tard, à la brune, Pour sortir de sa maison. L’honnête […]...
- A un astronome Ami, si dans le ciel, sur ces pages d’azur Dont votre œil lit d’en bas les sublimes merveilles, Vous savez une étoile où, pour ses […]...
- Une tempête souffle Une tempête souffle, et sur l’immense plage S’appesantit un ciel presque noir et cruel, Où s’obstine le vol grisâtre d’un pétrel, Qui le rend plus […]...
- Une promenade au Jardin des Plantes Sonnet. Sous ces arbres chéris, où j’allais à mon tour Pour cueillir, en passant, seul, un brin de verveine, Sous ces arbres charmants où votre […]...
- À Arsène Houssaye Grâce aux Dalilas, Nos rimeurs sont las De gloire, Et, comme un hochet, Ont jeté l’archet D’ivoire! Au rythme ailé d’or Il fallait encor Un […]...
- L’inspiration Sonnet. Un oiseau solitaire aux bizarres couleurs Est venu se poser sur une enfant ; mais elle, Arrachant son plumage où le prisme étincelle, De […]...
- Sur la dune Couchants marins, orgueil des ciels occidentaux! Pour mieux voir s’exalter leur lumière engloutie, Viens sur la dune à l’heure où rentrent les bateaux Et regarde […]...
- Chanson de fou (I) Le crapaud noir sur le sol blanc Me fixe indubitablement Avec des yeux plus grands que n’est grande sa tête ; Ce sont les yeux […]...
- À M. de F Abjurant ma douce paresse, J’allais voyager avec toi ; Mais mon cœur reprend sa faiblesse ; Adieu, tu partiras sans moi. Les baisers de ma […]...
- Évolution Quand je me hasarde à descendre Jusques aux bas-fonds du désir, À l’heure où l’on pèse la cendre Que laisse après soi le plaisir ; […]...
- Le bœuf, le cheval et l’âne Un bœuf, un baudet, un cheval, Se disputaient la préséance. Un baudet! direz-vous, tant d’orgueil lui sied mal. A qui l’orgueil sied-il? et qui de […]...
- Déclin d’amour Dans le mortel soupir de l’automne, qui frôle Au bord du lac les joncs frileux, Passe un murmure éteint : c’est l’eau triste et le […]...
- Déception Une eau croupie est un miroir Plus fidèle encor qu’une eau pure, Et l’image la transfigure, Prêtant ses couleurs au fond noir. Aurore, colombe et […]...
- Le remède dangereux Ô toi, qui fus mon écolière En musique, et même en amour, Viens dans mon paisible séjour Exercer ton talent de plaire. Viens voir ce […]...
- Le travail Poète errant au bord de cette mer profonde, Suspens le pas et vois… vois ce que fait son onde : En fondant sur la grève […]...
- A Franz Liszt Sous quels cieux nouveaux, ô mon grand artiste. Ta sonore tente a-t-elle émigré? Moi dont l’amitié te suit à la piste, Je reviens, ce soir, […]...