Sonnet.
Deux êtres asservis par le désir vainqueur
Le sont jusqu’à la mort : la volupté les lie.
Parfois, lasse un moment, la geôlière s’oublie,
Et leur chaîne les serre avec moins de rigueur.
Aussitôt, se dressant tout chargés de langueur,
Ces pâles malheureux sentent leur infamie ;
Chacun secoue alors cette chaîne ennemie,
Pour la briser lui-même ou s’arracher le cœur.
Ils vont rompre l’acier du nœud qui les torture,
Mais elle, au bruit d’anneaux qu’éveille la rupture,
Entr’ouvre ses longs yeux où nage un deuil puissant,
Elle a fait de ses bras leur tombe ardente et molle :
En silence attiré, le couple y redescend,
Et l’éphémère essaim des repentirs s’envole…
(2 votes, average: 2,50 out of 5)
Poèmes similaires:
- Éloge de la volupté Ô douce Volupté, sans qui, dès notre enfance, Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux ; Aimant universel de tous les animaux, Que tu […]...
- Le génie éteint par la volupté Il était jeune, beau, d’un esprit vigoureux. Cet homme qui s’énerve aux bras de la paresse, Et dont la volupté, fatale enchanteresse, A décharné la […]...
- Volupté Plaisir, bourreau des cœurs, vendeur juré des âmes, Ah! trop longtemps tu pris le masque de l’amour Au vestiaire impur des romans et des drames! […]...
- Volupté Comme de leurs rameaux s’enveloppent les saules Dont l’humble tronc se dérobe aux regards, Dénoués dans nos jeux, laisse tomber, épars, Tes noirs cheveux sur […]...
- Des soirs Sonnet. Sous les vitres du hall nitreux que le froid fore Et vrille et que de mats brouillards baignent de vair, Un soir, en tout […]...
- Les chaînes J’ai voulu tout aimer, et je suis malheureux, Car j’ai de mes tourments multiplié les causes ; D’innombrables liens frêles et douloureux Dans l’univers entier […]...
- Combats intimes Seras-tu de l’amour l’éternelle pâture? À quoi te sert la volonté, Si ce n’est point, ô cœur, pour vaincre ta torture, Et dans la paix […]...
- La lampe du ciel Par la chaîne d’or des étoiles vives La Lampe du ciel pend du sombre azur Sur l’immense mer, les monts et les rives. Dans la […]...
- Son désordre était charmant Son désordre était charmant : On eût dit beaucoup de fées Dans un tourbillonnement Légères et décoiffées. Seule, elle, faisait cela ; Je riais de […]...
- À celui qui a trouvé mon chien Quand la jeunesse fuit loin d’un monde infidèle, Il faut aimer pourtant, car aimer est un bien. En oubliant qu’elle fut belle, Femme a vraiment […]...
- Raccommodement Nous renaissons, ma chère Éléonore ; Car c’est mourir que de cesser d’aimer. Puisse le nœud qui vient de se former Avec le temps se […]...
- Le mensonge Le bonheur qui me dit des paroles tout bas Prend au son de ta voix ses grâces endormantes ; Afin d’avoir ma part de minutes […]...
- L’alphabet Il gît au fond de quelque armoire, Ce vieil alphabet tout jauni, Ma première leçon d’histoire, Mon premier pas vers l’infini. Toute la genèse y […]...
- Consolation Une enfant de seize ans, belle, et qui, toute franche, Ouvrant ses yeux, ouvrait son cœur, S’est inclinée un jour comme une fleur se penche, […]...
- Chant d’une jeune esclave Il est un bosquet sombre où se cache la rose, Et le doux rossignol y va souvent gémir ; Il est un fleuve pur dont […]...
- Soit que son or se crêpe lentement Soit que son or se crêpe lentement Ou soit qu’il vague en deux glissantes ondes, Qui çà, qui là par le sein vagabondes, Et sur […]...
- Silence et nuit des bois Il est plus d’un silence, il est plus d’une nuit, Car chaque solitude a son propre mystère : Les bois ont donc aussi leur façon […]...
- Batignolles Un grand bloc de grès ; quatre noms : mon père Et ma mère et moi, puis mon fils bien tard, Dans l’étroite paix du […]...
- Le lundi à Matines Tandis que le sommeil réparant la Nature Tient enchaînés le travail et le bruit, Nous rompons ses liens, ô clarté toujours pure, Pour te louer […]...
- Jalousie Jeunes femmes, parfois, quand je vais me mêler A vos jeux… si je sens mon âme se troubler, Si soudain sur mon front une ride […]...
- La Mémoire I. Ô Mémoire, qui joins à l’heure La chaîne des temps révolus, Je t’admire, étrange demeure Des formes qui n’existent plus! En vain tombèrent les […]...
- Une damnée Sonnet. La forge fait son bruit, pleine de spectres noirs. Le pilon monstrueux, la scie âpre et stridente, L’indolente cisaille atrocement mordante, Les lèvres sans […]...
- La valse Dans un flot de gaze et de soie, Couples pâles, silencieux, Ils tournent, et le parquet ploie, Et vers le lustre qui flamboie S’égarent demi-clos […]...
- La prière d’un païen Sonnet. Ah! ne ralentis pas tes flammes ; Réchauffe mon coeur engourdi, Volupté, torture des âmes! Diva! supplicem exaudi! Déesse dans l’air répandue, Flamme dans […]...
- Au peuple Partout pleurs, sanglots, cris funèbres. Pourquoi dors-tu dans les ténèbres? Je ne veux pas que tu sois mort. Pourquoi dors-tu dans les ténèbres? Ce n’est […]...
- La mer La mer pousse une vaste plainte, Se tord et se roule avec bruit, Ainsi qu’une géante enceinte Qui des grandes douleurs atteinte, Ne pourrait pas […]...
- Les perroquets du Jardin des plantes Centenaires, la chaîne à la patte, en plumages Somptueux, ils sont là, du matin jusqu’au soir, Et piétinent, d’un air important, leur perchoir, En rabâchant […]...
- Le vin des amants Sonnet. Aujourd’hui l’espace est splendide! Sans mors, sans éperons, sans bride, Partons à cheval sur le vin Pour un ciel féerique et divin! Comme deux […]...
- La vie de loin Sonnet. Ceux qui ne sont pas nés, les peuples de demain, Entendent vaguement, comme de sourds murmures, Les grands coups de marteaux et les grands […]...
- Rosa fâchée Une querelle. Pourquoi? Mon Dieu, parce qu’on s’adore. À peine s’est-on dit Toi Que Vous se hâte d’éclore. Le coeur tire sur son noeud ; […]...