À une jeune Italienne

Février grelottait blanc de givre et de neige ;
La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits ;
Et déjà tu disais :  » Ô mon Dieu! Quand pourrai-je
Aller cueillir enfin la violette au bois? « 

Notre ciel est pleureur, et le printemps de France,
Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons ;
Paris est dans la boue au beau mois où Florence
Égrène ses trésors sous l’émail des gazons.

Vois! Les arbres noircis contournent leurs squelettes ;
Ton âme s’est trompée à sa douce chaleur :
Tes yeux bleus sont encore les seules violettes,
Et le printemps ne rit que sur ta joue en fleur!


1 Star2 Stars3 Stars4 Stars5 Stars (1 votes, average: 5,00 out of 5)

Verset À une jeune Italienne - Théophile Gautier