Le chêne du parc détruit (III)

III.

J’ai vu comment, d’une patte,
En ce siècle sans pareil,
On épouse un cul-de-jatte,
Et de l’autre, le soleil.

J’ai vu comment grince et rôde,
Loin des pages polissons,
L’auteur valet qui maraude
Des rimes dans les buissons.

Ces poètes à rhingraves
Étaient hautains et hideux ;
C’étaient des Triboulets graves ;
Ils chantaient ; et chacun d’eux,

Pourvu d’un honnête lucre,
De sa splendeur émaillait
Le Parnasse en pain de sucre
Fait par Titon du Tillet.

Ces êtres, tordant la bouche,
Jetant leurs voix en éclats,
Prenaient un air très farouche
Pour faire des vers très plats.

Dans Marly qui les tolère,
Ils marchaient hagards, nerveux,
Les poings crispés, l’oeil colère,
Leur phrase dans leurs cheveux.

À Lavallière boiteuse
Ils donnaient Chypre et Paphos ;
Et leur phrase était menteuse,
Et leurs cheveux étaient faux.


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Verset Le chêne du parc détruit (III) - Victor Hugo