À madame Hector Calot.
I.
À mi-juin, quand les fruits rougissent dans nos bois,
Pour le bec des oiseaux quand la cerise est mûre,
Le beau loriot chante – on reconnaît sa voix –
Comme un ruisseau jaseur qui rit de son murmure.
Vers la Saint-Jean d’été, le bleu martin-pêcheur,
Secouant de son aile émeraude et turquoise,
Eblouit en passant le robuste faucheur
Abattant ses andains sur les berges de l’Oise ;
Et, par un chaud soleil, de riches papillons
Nouvellement éclos dans nos grandes prairies,
Se croisent follement en légers tourbillons
Sur les bouquets mouvants des luzernes fleuries.
II.
Mais un bruit cadencé, cliquetis de battoir,
Fait écho sur la rive… une fillette blonde,
Aux cheveux dénoués, belle sans le savoir,
Bat son linge en riant sur l’eau claire et profonde.
Quel âge?… Elle a compté peut-être dix printemps,
Vu dix fois revenir à son toit l’hirondelle…
J’oublie oiseaux chanteurs, papillons éclatants,
Et les prés et les bois, en me rapprochant d’elle.
Rouge comme le fruit sauvage des sorbiers,
Sa bouche en souriant jette un éclair d’ivoire.
Elle est née au grand air entre les hauts gerbiers.
L’œil pur est un bleuet céleste dans sa gloire.
Et de sa main, plus tard (quand éclora l’amour),
L’étreinte sera vive et franche et résolue.
Belle petite enfant, qui serez femme un jour,
D’un cœur profondément ravi je vous salue.