En ces heures que le plaisir abrège

Sonnet.

En ces heures souvent que le plaisir abrège,
Causant d’un livre à lire et des romans nouveaux,
Ou me parlant déjà de mes prochains travaux,
Suspendue à mon cou, tu me dis : Comprendrai-je?

Et, ta main se jouant à mon front qu’elle allège,
Tu vantes longuement nos sublimes cerveaux,
Et tu feins d’ignorer… Sais-tu ce que tu vaux,
Belle Ignorante, aux blonds cheveux, au cou de neige?

Qu’est toute la science auprès d’un sein pâmé,
Et d’une bouche en proie au baiser enflammé,
Et d’une voix qui pleure et chante à l’agonie?

Ton frais regard console en un jour nébuleux ;
On lit son avenir au fond de tes yeux bleus,
Et ton sourire en sait plus long que le génie.


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Verset En ces heures que le plaisir abrège - Charles-Augustin Sainte-Beuve