Sonnet à madame L.
Madame, vous avez jeunesse avec beauté,
Un esprit délicat cher au cœur du Poète,
Un noble esprit viril, qui, portant haut la tête,
Au plus fort de l’orage a toujours résisté ;
Aujourd’hui vous avez, sous un toit écarté,
Laissant là pour jamais et le monde et la fête,
Près d’un époux chéri sur qui votre œil s’arrête,
Le foyer domestique et la félicité ;
Et chaque fois qu’errant, las de ma destinée,
Je viens, et que j’appuie à votre cheminée
Mon front pesant, chargé de son nuage noir,
Je sens que s’abîmer en soi-même est folie,
Qu’il est des maux passés que le bonheur oublie,
Et qu’en voulant on peut dès ici bas s’asseoir.
Le 8 février 1830.
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