On ne sait pas toujours où va porter la hache,
Et bien des souverains, maladroits ouvriers,
En laissent retomber le coupant sur leurs pieds!
…
Que d’ennuis sur un front la main de Dieu rassemble
Et donne pour racine aux fleurons du bandeau!
Pourquoi mit-il encor ce pénible fardeau
Sur ma tête aux pensées tristes abandonnée,
Et souffrante, et déjà de soi-même inclinée.
Moi qui n’aurais aimé, si j’avais pu choisir,
Qu’une existence calme, obscure et sans désir :
Une pauvre maison dans quelque bois perdue,
De mousse, de jasmins et de vigne tendue ;
Des fleurs à cultiver, la barque d’un pêcheur,
Et de la nuit sur l’eau respire la fraîcheur ;
Prier Dieu sur les monts, suivre mes rêveries
Par les bois ombragés et les grandes prairies,
Des collines le soir descendre le penchant,
Le visage baigné des lueurs du couchant ;
Quand un vent parfumé nous apporte en sa plainte
Quelques sons affaiblis d’une ancienne complainte…
Oh! ces feux du couchant, vermeils, capricieux,
Montent, comme un chemin splendide, vers les cieux!
Il semble que Dieu dise à mon âme souffrante :
Quitte le monde impur, la foule indifférente,
Suis d’un pas assuré cette route qui luit,
Et – viens à moi, mon fils… et – n’attends pas la NUIT!!!