Une amie

Si vous l’aviez connue à sa quinzième année,
Elle était belle alors, belle à vous rendre fou!
En voyant les attraits dont elle était ornée,
Vous auriez devant elle incliné le genou!

Pour caresser sa main frêle, blanche et veinée,
Poète, vous eussiez été je ne sais où ;
Et votre part du ciel, oh! vous l’auriez donnée
Pour un baiser d’amour posé sur son beau cou!

Mais, avec la douleur, toute beauté se fane ;
Elle a souffert longtemps, et le regard profane
Ne voit plus sur ses traits de magiques trésors :

Ses yeux se sont ternis et son front n’est plus rose.
Eh bien! moi, j’applaudis à sa métamorphose,
Car son âme a gagné ce qu’a perdu son corps.


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Verset Une amie - Louise Colet