Vous aviez mon coeur,
Moi, j’avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur ;
Bonheur pour bonheur!
Le vôtre est rendu,
Je n’en ai plus d’autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu!
La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L’encens, la couleur :
Qu’en avez-vous fait,
Mon maître suprême?
Qu’en avez-vous fait,
De ce doux bienfait?
Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend,
Vous me laissez là,
Dans ma vie amère ;
Vous me laissez là,
Et Dieu voit cela!
Savez-vous qu’un jour
L’homme est seul au monde?
Savez-vous qu’un jour
Il revoit l’amour?
Vous appellerez,
Sans qu’on vous réponde ;
Vous appellerez,
Et vous songerez!…
Vous viendrez rêvant
Sonner à ma porte ;
Ami comme avant,
Vous viendrez rêvant.
Et l’on vous dira :
» Personne!… elle est morte. »
On vous le dira ;
Mais qui vous plaindra?
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