Voix de surnaturelle amante ventriloque
Qui toujours me pénètre en voulant m’effleurer ;
Timbre mouillé qui charme autant qu’il interloque,
Son bizarre d’un triste à vous faire pleurer ;
Voix de surnaturelle amante ventriloque!
Dit par elle, mon nom devient une musique :
C’est comme un tendre appel fait par un séraphin
Qui m’aimerait d’amour et qui serait phtisique.
Ô voix dont mon oreille intérieure a faim!
Dit par elle, mon nom devient une musique.
Très basse par instants, mais jamais enrouée ;
Venant de dessous terre ou bien de l’horizon,
Et quelquefois perçante à faire une trouée
Dans le mur de la plus implacable prison ;
Très basse par instants, mais jamais enrouée ;
Oh! comme elle obéit à l’âme qui la guide!
Sourde, molle, éclatante et rauque, tour à tour ;
Elle emprunte au ruisseau son murmure liquide
Quand elle veut parler la langue de l’amour :
Oh! comme elle obéit à l’âme qui la guide!
Et puis elle a des sons de métal et de verre :
Elle est violoncelle, alto, harpe, hautbois ;
Elle semble sortir, fatidique ou sévère,
D’une bouche de marbre ou d’un gosier de bois
Et puis elle a des sons de métal et de verre.
Tu n’as jamais été l’instrument du mensonge ;
Ô la reine des voix, tu ne m’as jamais nui ;
Câline escarpolette où se berce le songe,
Philtre mélodieux dont s’abreuve l’ennui,
Tu n’as jamais été l’instrument du mensonge.
Tout mon être se met à vibrer, quand tu vibres,
Et tes chuchotements les plus mystérieux
Sont d’invisibles doigts qui chatouillent mes fibres ;
Ô voix qui me rends chaste et si luxurieux,
Tout mon être se met à vibrer, quand tu vibres!