Je faisais ces Sonnets en l’Antre Piéride,
Quand on vit les Français sous les armes suer,
Quand on vit tout le peuple en fureur se ruer,
Quand Bellonne sanglante allait devant pour guide ;
Quand au lieu de la loi, le vice, l’homicide,
L’impudence, le meurtre, et se savoir muer
En Glauque (1) et en Protée, et l’Etat remuer,
Etaient titres d’honneur, nouvelle Thébaïde.
Pour tromper les soucis d’un temps si vicieux,
J’écrivais en ces vers ma complainte inutile.
Mars aussi bien qu’Amour de larmes est joyeux.
L’autre guerre est cruelle, et la mienne est gentille ;
La mienne finirait par un combat de deux,
Et l’autre ne pourrait par un camp de cent mille.
1. Glauque : Glaucus le Pontique (Pêcheur devenu dieu marin.)
(1 votes, average: 5,00 out of 5)
Poèmes similaires:
- Deux sonnets Sonnet. Deux sonnets partagent la ville, Deux sonnets partagent la cour, Et semblent vouloir à leur tour Rallumer la guerre civile. Le plus sot et […]...
- Ne ris point des sonnets Sonnet. Ne ris point des sonnets, ô critique moqueur! Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ; C’est sur ce luth heureux que Pétrarque […]...
- Afin que ton renom s’étende par la plaine Afin que ton renom s’étende par la plaine, Autant qu’il monte au ciel engravé dans un Pin, Invoquant tous les Dieux, et répandant du vin, […]...
- Ma chambre Ma demeure est haute, Donnant sur les cieux ; La lune en est l’hôte, Pâle et sérieux : En bas que l’on sonne, Qu’importe aujourd’hui […]...
- Que ton âme soit blanche ou noire Que ton âme soit blanche ou noire, Que fait? Ta peau de jeune ivoire Est rose et blanche et jaune un peu. Elle sent bon, […]...
- À lui mesme Lors que ta mere estoit preste à gesir de toi, Si Jupiter, des Dieus et des hommes le roi, Lui eust juré ces mots : […]...
- Son retour Hélas! Je devrais le haïr! Il m’a rendu le mal de l’âme, Ce mal plein de pleurs et de flamme, Si triste, si lent à […]...
- Au peuple (II) Il te ressemble ; il est terrible et pacifique. Il est sous l’infini le niveau magnifique ; Il a le mouvement, il a l’immensité. Apaisé […]...
- Ce n’est pas de mon gré, Carle, que mon navire Sonnet CXXVIII. Ce n’est pas de mon gré, Carle, que mon navire Erre en la mer thyrenne : un vent impétueux Le chasse malgré moi […]...
- La guêpe et l’abeille Dans le calice d’une fleur La guêpe un jour voyant l’abeille, S’approche en l’appelant sa sœur. Ce nom sonne mal à l’oreille De l’insecte plein […]...
- À sa maîtresse (II) Ma Dame ne donne pas Des baisers, mais des appas Qui seuls nourrissent mon âme, Les biens dont les Dieux sont sous, Du Nectar, du […]...
- Je voudrais, si ma vie était encore à faire Je voudrais, si ma vie était encore à faire, Qu’une femme très calme habitât avec moi Plus jeune de dix ans, qui portât sans émoi […]...
- Qu’il me soit arraché des tétins de sa mère Qu’il me soit arraché des tétins de sa mère Ce jeune enfant Amour, et qu’il me soit rendu ; II ne fait que de naître […]...
- Comme tous les soirs Le vieux crapaud de la nuit glauque Vers la lune de fiel et d’or, C’est lui, là-bas, dans les roseaux, La morne bouche à fleur […]...
- Cusin, monstre à double aile, au mufle Elephantin Cusin, monstre à double aile, au mufle Elephantin, Canal à tirer sang, qui voletant en presse Sifles d’un son aigu, ne picque ma Maistresse, Et […]...
- Ma douleur est au cœur de ma vie Ainsi que ma douleur est au cœur de ma vie, Ta douleur, bien-aimée, est au cœur de la mienne ; Et, comme mon chagrin saigne […]...
- Ô combien est heureux qui n’est contraint de feindre Sonnet XLVIII. Ô combien est heureux qui n’est contraint de feindre, Ce que la vérité le contraint de penser, Et à qui le respect d’un […]...
- Ode à Cassandre Ode XXVI. En vous donnant ce pourtraict mien Dame, je ne vous donne rien Car tout le bien qui estoit nostre Amour dès le jour […]...
- Passe-port Nez moyen. Œil très-noir. Vingt ans. Parisienne Les cheveux bien plantés sur un front un peu bas. Nom simple et très joli, que je ne […]...
- Odelette à sa maîtresse Je veux aimer ardemment, Aussi veux-je qu’également On m’aime d’une amour ardente : Toute amitié froidement lente Qui peut dissimuler son bien Ou taire son […]...
- Marie, vous passez en taille, et en visage Marie, vous passez en taille, et en visage, En grâce, en ris, en yeux, en sein, et en téton, Votre moyenne soeur, d’autant que le […]...
- La prière Sonnet. Je voudrais bien prier, je suis plein de soupirs! Ma cruelle raison veut que je les contienne. Ni les vœux suppliants d’une mère chrétienne, […]...
- C’est l’extase langoureuse C’est l’extase langoureuse, C’est la fatigue amoureuse, C’est tous les frissons des bois Parmi l’étreinte des brises, C’est, vers les ramures grises, Le choeur des […]...
- Quand je cause avec toi » Quand je cause avec toi paisiblement, Ce m’est vraiment charmant, tu causes si paisiblement! Quand je dispute et te fais des reproches, Tu disputes, […]...
- Dédicace Maître très cher, s’il vous plaît, Écoutez ma patenôtre. Voici ma » Payse » : elle est Bien peu digne de la vôtre. Celle que […]...
- Le solitaire Le vieux qui, vert encore, approchait des cent ans, Me dit : » Malgré l’soin d’mes enfants Et les bontés d’mon voisinage, J’suis seul, ayant […]...
- Si onques de pitié ton âme fut atteinte Sonnet XLVII. Si onques de pitié ton âme fut atteinte, Voyant indignement ton ami tourmenté, Et si onques tes yeux ont expérimenté Les poignants aiguillons […]...
- Le pot de terre et le pot de fer Le pot de fer proposa Au pot de terre un voyage. Celui-ci s’en excusa, Disant qu’il ferait que sage De garder le coin du feu, […]...
- Marie, à tous les coups vous me venez reprendre Marie, à tous les coups vous me venez reprendre Que je suis trop léger, et me dites toujours, Quand je vous veux baiser, que j’aille […]...
- La jeune fille Qu’elle est gracieuse et belle! Est-il rien d’aussi beau qu’elle? Me diras-tu, matelot, Sur ta galère fidèle, Si la galère, ou le flot, Ou l’étoile […]...