L’axe du monde

Sonnet.

Atlas porte le monde, et, les poings sur les reins,
Suant, le front plissé, le sang à la narine ;
Il pleure, et dans le creux de sa grande poitrine
Appuie en gémissant sa barbe aux rudes crins.

 » Debout! forgez des socs, des leviers et des freins!
Crie Atlas aux mortels que le travail chagrine ;
Les bêtes, les forêts, les champs et l’eau marine,
Subjugués, vous feront rivaux des dieux sereins ;

 » C’est moi qu’ils ont chargé de la plus lourde tâche.
Aurez-vous à ce point l’âme inféconde et lâche
De rester fainéants quand je peine pour vous?

 » Dressez une montagne ou quelque énorme ville,
Pour égaler les dieux et rendre moins stérile
Le labeur éternel de mes fermes genoux. « 


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Verset L’axe du monde - René-François Sully Prudhomme