Sonnet.
Que n’ai-je à te soumettre ou bien à t’obéir?
Je te vouerais ma force ou te la ferais craindre ;
Esclave ou maître, au moins je te pourrais contraindre
À me sentir ta chose ou bien à me haïr.
J’aurais un jour connu l’insolite plaisir
D’allumer dans ton cœur des soifs, ou d’en éteindre,
De t’être nécessaire ou terrible, et d’atteindre,
Bon gré, mal gré, ce coeur jusque-là sans désir.
Esclave ou maître, au moins j’entrerais dans ta vie ;
Par mes soins captivée, à mon joug asservie,
Tu ne pourrais me fuir ni me laisser partir ;
Mais je meurs sous tes yeux, loin de ton être intime,
Sans même oser crier, car ce droit du martyr,
Ta douceur impeccable en frustre ta victime.
(2 votes, average: 5,00 out of 5)Poèmes similaires:
- Souhait Sonnet. Par moments je souhaite une esclave au beau corps, Sans ouïe et sans voix, pour toute bien-aimée. À son oreille close, aux rougeurs de […]...
- Fatalité Sonnet. Que n’ai-je appris l’amour sous un regard moins beau! Je n’aurais pas traîné si longtemps sur la terre Cet âpre souvenir, le seul que […]...
- Les lettres Je ne veux plus lire de lettre, Sauf les lettres que le facteur Sera chargé de me remettre, Comme après tout on est le maître […]...
- Rouge ou Noire Sonnet. Pascal! pour mon salut à quel dieu dois-je croire? – Tu doutes? crois au mien, c’est le moins hasardeux, Il est ou non : […]...
- Le remède dangereux Ô toi, qui fus mon écolière En musique, et même en amour, Viens dans mon paisible séjour Exercer ton talent de plaire. Viens voir ce […]...
- Chagrin Sonnet. Usez moins avec moi du droit de tout charmer ; Vous me perdrez bientôt si vous n’y prenez garde. J’aime bien a vous voir, […]...
- Un immense désespoir Un immense désespoir Noir M’atteint Désormais, je ne pourrais M’égayer au rose et frais Matin. Et je tombe dans un trou Fou, Pourquoi Tout ce […]...
- Plainte d’un chrétien Plainte d’un chrétien sur les contrariétés Qu’il éprouve au dedans de lui-même. (Tiré de Saint Paul aux Romains, ch. 7.) Mon Dieu, quelle guerre cruelle! […]...
- À la princesse Roukhine C’est une laide de Boucher Sans poudre dans sa chevelure Follement blonde et d’une allure Vénuste à tous nous débaucher. Mais je la crois mienne […]...
- La lune de miel En négligé galant, trônant dans son boudoir, La nouvelle épousée (elle est au moins marquise), Avec ses traits mutins et d’une grâce exquise, Regarde le […]...
- Beaucoup de ces dieux ont péri Beaucoup de ces dieux ont péri C’est sur eux que pleurent les saules Le grand Pan l’amour Jésus-Christ Sont bien morts et les chats miaulent […]...
- L’esclave et l’oiseau Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage, Laisse à mes doigts brisés ton anneau d’esclavage! Tu n’as que trop pleuré ton élément, l’amour […]...
- Le nom Chacun donne à celle qu’il aime Les plus beaux noms et les plus doux ; Pour moi, c’est ton nom de baptême Que je préfère […]...
- Profanation Sonnet. Beauté qui rends pareils à des temples les corps, Es-tu donc à ce point par les dieux conspuée De descendre du ciel sur la […]...
- La veillée du nègre Le soleil de la nuit éclaire la montagne ; Sur le sable désert faut-il encore rester? Doucement dans mes bras laisse-moi t’emporter ; Bon maître, […]...
- Ægri somnia On a congé parfois dans ce Paris étrange, Et l’on peut oublier le bruit, brouillard et fange, L’incessant tourbillon, le travail, les efforts. C’est quand […]...
- Fin du rêve Sonnet. Le rêve, serpent traître éclos dans le duvet, Roule autour de mes bras une flatteuse entrave, Sur mes lèvres distille un philtre dans sa […]...
- Tempête Tout regard se perd, tant la brume est noire ; Il ne fut jamais plus aveugle nuit : Au sein du néant je pourrais me […]...
- Tout ou Rien Sonnet. J’ai deux tentations, fortes également, Le duvet de la rose et le crin du cilice : Une rose du moins qui jamais ne se […]...
- À M. Le comte de Tressan Hélas! que je me sens confondre Par tes vers et par tes talents! Pourrais-je encore à quarante ans Les mériter et leur répondre? Le temps, […]...
- L’amour maternel À Maurice Chevrier. Fait d’héroïsme et de clémence, Présent toujours au moindre appel, Qui de nous peut dire où commence, Où finit l’amour maternel? Il […]...
- Le chien à qui on a coupé les oreilles » Qu’ai-je fait pour me voir ainsi Mutilé par mon propre Maître? Le bel état où me voici! Devant les autres chiens oserai-je paraître? Ô […]...
- Chanson (I) Toi qui près d’un beau visage Ne veux que feindre l’amour, Tu pourrais bien quelque jour Éprouver à ton dommage Que souvent la fiction Se […]...
- Jalousie N’aimez plus tant, Phylis, à vous voir adorée : Le plus ardent amour n’a pas grande durée ; Les nœuds les plus serrés sont le […]...
- Rien de trop Je ne vois point de créature Se comporter modérément. Il est certain tempérament Que le maître de la nature Veut que l’on garde en tout. […]...
- La prière perdue Inexplicable cœur, énigme de toi-même, Tyran de ma raison, de la vertu que j’aime, Ennemi du repos, amant de la douleur, Que tu me fais […]...
- Deux athées L’un dit que nier Dieu, c’est ne plus croire en rien… Cet homme ne sait pas sanctifier le doute, Et, lâchement, il a du Mal […]...
- Ma fiancée L’épouse, la compagne à mon cœur destinée, Promise à mon jeune tourment, Je ne la connais pas, mais je sais qu’elle est née ; Elle […]...
- Mon sexe, dites-vous, déshérité des cieux Mon sexe, dites-vous, déshérité des cieux, Ne sait juger ni vers ni prose. Un style clair et pur, obscur ou vicieux ; Du bon ou […]...
- Le corbeau et le renard Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l’odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : […]...