Plainte d’un chrétien sur les contrariétés
Qu’il éprouve au dedans de lui-même.
(Tiré de Saint Paul aux Romains, ch. 7.)
Mon Dieu, quelle guerre cruelle!
Je trouve deux hommes en moi :
L’un veut que plein d’amour pour toi
Mon coeur te soit toujours fidèle.
L’autre à tes volontés rebelle
Me révolte contre ta loi.
L’un tout esprit, et tout céleste,
Veut qu’au ciel sans cesse attaché,
Et des biens éternels touché,
Je compte pour rien tout le reste ;
Et l’autre par son poids funeste
Me tient vers la terre penché.
Hélas! en guerre avec moi-même,
Où pourrai-je trouver la paix?
Je veux, et n’accomplis jamais.
Je veux, mais, ô misère extrême!
Je ne fais pas le bien que j’aime,
Et je fais le mal que je hais.
Ô grâce, ô rayon salutaire,
Viens me mettre avec moi d’accord ;
Et domptant par un doux effort
Cet homme qui t’est si contraire,
Fais ton esclave volontaire
De cet esclave de la mort.