À Alphonse Karr

Que de fois sous les tilleuls,
Tous deux seuls
Avec ma maîtresse blonde,
Ton livre m’a fait songer,
Étranger
A tout le reste du monde!

Je m’alanguissais, à voir
Son œil noir,
Et, me répétant : Je t’aime!
Sans songer au lendemain,
Dans sa main
Elle tenait le poëme.

Oh! les charmants écoliers!
Vous mêliez
Votre voix et votre haleine
Et vos soupirs amoureux,
Couple heureux,
Ô Stéphen, ô Magdeleine!

Tel, au mois couleur du jour
Où l’amour
A la terre se marie,
Au fond des vertes forêts
Je pleurais
Sur les genoux de Marie!

Telle Eunice emporte Hylas!
Puis, hélas!
Tout s’enfuit de la mémoire,
L’oubli vient, puis le remord,
Puis la mort,
C’est bien l’éternelle histoire.

Il en est une autre aussi,
Dieu merci!
Douce à mon âme inquiète :
Roméo tombe au printemps,
À vingt ans,
Auprès de sa Juliette!

Il sort par un beau matin
Du festin,
Plein de jeunesse et de sève,
Et meurt les yeux embrasés
De baisers :
Mais, celle-là, c’est le rêve!


1 Star2 Stars3 Stars4 Stars5 Stars (2 votes, average: 4,50 out of 5)

Verset À Alphonse Karr - Théodore de Banville