Rêvant aux métamorphoses
Que les dieux faisaient jadis :
» Belles se changeaient en roses,
Disait l’aimable Doris.
Heureux temps pour un cœur tendre!
S’il revenait un seul jour,
Ce jour j’aimerais Silvandre,
Sans redouter son amour.
S’il cherchait un frais rivage,
Je serais un clair ruisseau ;
S’il cherchait un doux ombrage,
Je serais un vert rameau.
Je serais l’ami bien tendre
Qui peut toujours le chercher ;
Je deviendrais, pour l’entendre,
Tout ce qui peut l’approcher.
Sur ses pas, léger zéphire,
J’aimerais à m’égarer ;
Sur les lignes qu’il va lire
Mon âme voudrait errer.
De l’oiseau qui l’intéresse
Bientôt je prendrais les traits,
Et je changerais sans cesse
Pour ne le quitter jamais.
Mais d’une aimable bergère
Voyant les traits enchanteurs,
Ses yeux, sa taille légère,
S’il aimait… cachant mes pleurs,
Loin de l’objet qu’il adore
J’irais porter ma douleur ;
Et, pour le trouver encore,
Je rentrerais dans mon cœur. «