Mon vers, s’il faut te le redire

Mon vers, s’il faut te le redire,
On veut te griser dans les bois.
Les faunes ont caché ta lyre
Et mis à sa place un hautbois.

Va donc. La fête est commencée ;
L’oiseau mange en herbe le blé ;
L’abeille est ivre de rosée ;
Mai rit, dans les fleurs attablé.

Emmène tes deux camarades,
L’esprit gaulois, l’esprit latin ;
Ne crois pas que tu te dégrades
Dans la lavande et dans le thym.

Sans être effronté, sois agile ;
Entre gaiement dans le vallon ;
Presse un peu le pas de Virgile,
Retiens par la manche Villon.

Tu devras boire à coupe pleine,
Et de ce soin Pan a chargé
La Jeanneton de La Fontaine
Qu’Horace appelait Lalagé.

On t’attend. La fleur est penchée
Dans les antres diluviens ;
Et Silène, à chaque bouchée,
S’interrompt pour voir si tu viens.


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Verset Mon vers, s’il faut te le redire - Victor Hugo