Adieux

Verts bosquets, paisible asile,
Où tout sourit à mon cœur ;
D’innocence et de candeur
Séjour aimable et tranquille ;
En vain je veux retracer
Le bonheur qui vous habite :
Est-ce l’instant d’y penser
Que l’instant où je vous quitte?

Hélas! quand les plaintes vaines
Ont remplacé les désirs ;
Quand ce qui fit mes plaisirs
Désormais fera mes peines,
Loin d’accuser de froideur
Mon silence sur vos charmes,
N’y voyez que ma douleur
Et jugez-moi sur mes larmes.

Echos de ce vert bocage,
Vous n’entendrez plus ma voix!
Sans moi, nymphes de ces bois,
Vous danserez sous l’ombrage.
Ah! je le sens aux regrets
Que ce penser a fait naître,
Qui dut vous quitter jamais
N’eût jamais dû vous connaître.

Écrit en 1791.


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Verset Adieux - Antoine-Vincent Arnault