Assis au bord de la grand’route,
Les septs innocents de Pleumeur
Ne savent pas qu’on les écoute.
Dans leurs prunelles convulsées
Un restant de jour tremble et meurt,
Et l’ombre tisse leurs pensées.
Pieds nus, sans chausses et sans linge,
Les septs innocents de Pleumeur
Causent, en jupes de berlinge.
Et le loriot, dans les chênes,
Et l’Océan, dont la rumeur
Gronde autour des îles prochaines.
S’arrêtent pour tâcher d’entendre
Les sept innocents de Pleumeur
Qui causent à voix lente et tendre,
Lente et tendre et confuse ensemble,
Comme au fond du soir endormeur
Les soupirs de l’aulne ou du tremble.
Mais ce qu’égrènent dans l’espace
Les sept innocents de Pleumeur
Reste ignoré du vent qui passe.
Et vainement l’homme se penche
La mer étouffe sa clameur.
L’oiseau se tapit sur la branche :
Aucun d’eux n’a compris en somme
Les sept innocents de Pleumeur,
Ni l’oiseau, ni la mer, ni l’homme,
Sauf un obscur et doux rimeur.